DOCUMENTS
[Editor's Note:
The French text has not been exhaustively proofread]
The ———— House for
Study, Translation and Publishing obtained the following documents concerning the
murder of Father Thomas. These were the official Messages between the French
consul in
We have affixed to each document, its number, date,
and source as it is listed in the preserved records of the French Foreign
Ministry.
Damas,
le 21 décembre 1839
Ratti-Menton au ministre, le maréchal
duc de Dalmatie,
Président du Conseil, ministre d'État des Affaires Etrangères
Objet: Le Père Thomas, religieux
franciscain et se demande de pension pour ses vieux jours.
Le Père Thomas, aujourd'hui presque
septuagénaire, s'est rendu en Syrie, il y a presque 30 ans, d'après la promesse
que lui fit le cardinal Fesch que le gouvernement impérial pourvoirait à son
sort. Il est certain que cette promesse n'obtint jamais sa réalisation et que
le religieux dont il s'agit s'est u réduit aux ressources les plus exigus.
D'après les renseignements pris par moi
auprès de Mr Beaudin
et qui concordent avec ceux de nos pères lazaristes, le Père Thomas a été
toujours un homme paisible, remplissant sans fanatisme les devoirs sacerdotaux
et s'était concilié ici l'estime et l'affection des chrétiens et des musulmans.
Mais un fait qui, selon moi, doit lui
mériter la bienveillance du gouvernement du Roi et de tous les amis de
l'humanité, c'est l'introduction de la vaccine que lui doit les populations de
Damas et qu'il a propagé avec un zèle louable.
Il fonde d'autant plus d'espoir pour sa
demande d'une pension que son grand âge ne lui permettra pas d'en jouir
longtemps. Je dois ajouter qu'il est presque aveugle et que l'existence à Damas
d'une cure (paroissiale) desservie par les moines de Terre sainte le prive des
émoluments qu'il aurait eus comme chapelain de la nation.
Je
suis...
Source: Archives Affaires Etrangères
Direction commerciale et du contentieux
Consulat de Damas, Vol. 1 (1839-1844), rapport n.12, fol.24-25.
From: Ratti-Menton
To: The Minister, the Marshal Duke of Dalmatie,
President of the Council of Minister, Minister of Foreign Affairs.
The Subject: Father Thomas, the French religious
man, who is requesting a retirement salary in his old age.
Father Thomas is
seventy years old today. He came to
My personal
investigation of this matter was in agreement with that of Mr. Beaudin and the
Lazarist Father, confirming that Father Thomas was a man of gentle character,
and has practiced his sacred religious obligation with tolerance and without
discrimination, which has made him an object of love and respect for both
Christians and Muslims.
Father Thomas
introduced the smallpox vaccine, which was badly needed by the people of
Damascus. He utilized it widely with great enthusiasm which deserves our
gratitude. This act, in my opinion, deserves the attentive attention and care
of the Royal Government, and all friends of humanity. He cherished high hopes
for the fulfillment of his request for a retirement salary in his old age,
which does not allow him to do much work. I find it necessary to also state
that he has very poor sight, being almost blind. And that the presence of this
religious man in Damascus who has served the cause of the Holy Land, while
depriving himself of a salary he deserves and which he would have received as a
Priest for his country, had he worked in his country.
Faithfully
The Source: Preserved Documents of the Foreign
Ministry Department of Trade and Continental Affairs Consulate of
Réponse à cette demande.
Thiers, Le Président du Conseil, ministre des
Affaires étrangères.
Objet:
Allocation au Père Thomas.
!!...
.....
La
demande adressée à mon prédécesseur, en faveur de ce
religieux...
L'ordre
des Franciscains auquel appartient le Père Thomas n'étant pas au nombre de ceux
auxquels le gouvernement du Roi alloue une subvention au
Quant
aux réparations que paraît réclamer le couvent des Capucins à Damas, il ne saurait y être pourvu qu'aux frais de cet ordre qui
jouit d'ail-leurs d'une allocation annuelle sur les fonds de mon Département.
Source:
Mémes archives-même consulat de Damas. vol.1 (1839-1844), instructions 4, fol. 38.
Commentaire:
Cette réponse n'avait aucune raison d'être, puisque le Père Thomas avait été
assassiné entretemps.
Response to the Message
To: Thiers;
The President of the Council of Ministers, Minister
of Foreign Affairs.
Subject: Allocation
of Salary for Father Thomas
Regarding the
request which was transferred to me by my predecessor in regard
to the above mentioned man of religion.
The order of the
But there are
compensations allocated to the Capucins Convents in
Source - Same
Documents
Consulate of
Damscus Vol. I (1839-1844), Instructions No. 4, p. 38.
Note: There was no need for this response, because
Father Thomas was murdered during this period.
Alexandrie, le 5 mars
1840
Cochelet au ministre, le maréchal duc de
Dalmatie, Président du Conseil, ministre lai des Affaires Etrangeres.
Objet:
L'assassinat du Père Thomas.
!!...
.....
Il y a eu à
Damas
un assassinat qui a consterné la ville. Un religieux
franciscain, protégé de la
Le
consul de
Source:
Archives Affaires Étrangères.
Consulat
général d'Egypte et dépendances.
Egypte, vol. 9 (1839-1844) Direction politique,
rapport n.170, fol.321.
From: Cochelet.
To: The Minister Marshal Duke of Dalmatie,
President of the council of Ministers.
Subject: The Assassination of Father Thomas.
A crime was
committed in
There is a complete
understanding between the French Consul and the Governor General to arrest
those who supposedly committed the crime. The matter will be pursued
relentlessly. It was related to me, by those who represented me to Mohamad Ali,
that he gave his stern orders to punish those who are guilty.
Source: Preserved Document of the French Foreign
Ministry, the General Consulate in
Alexandrie, le 2 avril
1840
Cochelet à Thiers, le Président du Conseil,
ministre des Affaire. Etrangères.
Objet:
L'assassinat
du Père Thomas.
L'affaire
relative à l'assassinat du Père Thomas, égorgé à Damas par les juifs... a été
poursuivie par le comte de Ratti-Menton qui a été parfaitement secondé par le
gouverneur général de la Syrie avec beaucoup d'activité et d'énergie.
Je laisse à ce consul le soin de vous rendre compte de toutes les
circonstances de cet assassinat qui aura un grand retentissement, si, comme on
l'assure et ce qu'on a peine à croire, il a été causé pour un motif religieux.
Mais je ne crois pas pouvoir me dispenser de mettre sous vos yeux la copie
d'une déclaration envoyée à Mehemet Ali et qui a été faite par un rabbin qui
s'est fait musulman, de laquelle il semblerait résulter que le sang humain est
nécessaire aux juifs pour célébrer leur Pàque et qu'il en manque à Damas. Cette
découverte inattendue a donné lieu de supposer que des individus qui ont
disparu depuis longtemps, sans qu'on ait su ce qu'ils étaient devenus et
entr'autres des esclaves grecs qui avaient été achetés par les juifs lors de la
guerre de Morée, ont été victimes du fanatisme de ces derniers.
Mehemet Ali a
ordonné de faire des recherches pour se mettre sur les traces de ces disparitions
et il tient de prescrire à son fils Ibrahim Pacha d'agir sans empressement,
avec prudence et discernement, afin d'arriver à la connaissance de la vérité
dans une affaire qui intéresse le monde entier et qui va soulever de nouvelle
et grande animosité contre les juifs.
Le
retentissement qu'elle a déjà eu à Smyrne a donné lieu à quelques excès et a
mis le grand rabbin Pencas de Segura dans la nécessité de désavouer par une
note qui a été rendue publique, la supposition que les juifs se servent de sang
chrétien dans la solennité de leur Pâque.
Les poursuites
qui seront exercées à Damas contre le grand rabbin Racoub d'Anteb qui a été
accusé par le rabbin Moussa Abou Afieh d'avoir reçu le sang du Père Thomas
feront sans doute connaître la vérité.
Annexe:
la déclartion de Moussa Abou Afieh.
Source:
La même que sopra, fol.9-10 et pour l'annexe,
fol.11-13.
From: Cochelet.
To: Thiers,
The President of the Council of Ministers, Ministers
of Foreign Affairs. Subject: The Assassination of Father Thomas.
Count Ratti-Menton
continued to pursue the assassination case of Father Thomas, who was slain by
the Jews in Damascus. He was greatly assisted by the Governor General of Syria,
who was also pursuing the investigation with firmness and energy.
I have assigned to
this Consul the task of reporting to you the entire circumstances concerning
the assassination operation which has caused a great uproar, when it became
absolutely certain that the cause of the crime was religious which was hard to
believe. I believe it is my obligation to submit to you a copy of the
confession sent to Mohamad Ali, containing the testimony of the Rabbi, who
declared his conversion to Islam, which indicates that the Jews need human
blood for the celebration of Yum Kippur, the remembrance of the Jews departure
from Egypt. This year they did not have blood available to them in Damascus.
This unexpected discovery has opened up a wide range of speculation and suggestion
that persons who have disappeared a long time ago, with unknown circumstances
surrounding their disappearance, may have been victims of this Jewish
fanaticism. And among those who have disappeared are the Greek slaves who were
bought by the Jews during the Muree War.
Mohamad
Ali ordered a search and an investigation of those who had previously
disappeared. He wrote to his son, Ibrahim Pasha, to move slowly and carefully,
and to work in a secretive manner in order to reach the truth about a case which
was highly important to the world, and which might stir a new, great hatred
against the Jews.
These repentant
echoes in Izmir opened the way for some radical sentiments, which caused the
Grand Rabbi Pencas Segura to issue a note openly declaring his disapproval of
the crime. This also led to the assumption that the Jews used Christian blood
for the celebration of Yum Kippur.
The immediate
continuance of these investigations in Damascus which were conducted against
the Grand Rabbi, Moussa Bokhour Yehuda, known as the Salahiki, who was accused
by Rabbi Mussa Abou Al—Afieh of receiving the blood of Father Thomas, would
certainly uncover the truth.
Annex: The declaration of Musse Abou Al-Afieh.
Source: Ibid., pp. 9-10,
for annex, pp. 11-13.
Alexandrie, le 6 avril
1840
Cochelet à Thier, le Président du Conseil,
ministre des Affaires Etrangères.
Objet:
L'assassinat du P.Thomas-Les juifs de Damas et
l'Autriche (extrait).
Mr
de
Ratti-Menton me rend compte de quelques discussions assez vives qu'il a eues
avec le consul d'Autriche à Damas et qu'il vous fera sans doute connaître, à
l'occasion de la procédure relative à l'assassinat du Père Thomas, d'après
laquelle il semblerait que le consul d'Autriche cherche à dérober quelques
coupables, qui sont sous sa protection, à l'action de la justice dans des vues
que l'on suppose sordides.
Je viens
d'apprendre que Mr le consul général d'Autriche à Alexandrie devait
écrire à son gouvernement dans des termes peu modérés pour se plaindre de la
conduite de Mr Ratti-Menton. Il est
probable que le Cabinet de Vienne vous soumettra à cet égard une
représentation.
Je vous prie, Mr
le
Ministre, d'ajourner votre réponse jusqu'à ce que Mr
le consul
du Roi A Damas vous ait donné tous les éclaircissements qui pourront vous mettre
à même de fixer votre opinion. Je crois pouvoir vous assurer
d'avance qu'ils auront lieu de vous satisfaire.
Source:
Archives Affaires Etrangères
Consulat
général d'Alexandrie- Direction commerciale et du
contentieux. vol.28, fol.511, (nr.179).
Remarque:
Le même document, mimes archives- Consulat général d'Egypte et
dépendances, vol.10 (1840), fol.17-18.
Alexandria,
April 6th, 1840
From: Cochelet.
To: Thier,
The President of Council
of Ministers and Foreign Minister.
Subject: The Assassination of Father Thomas and the
Jews of Damascus and Austria.
I was informed by
Ratti-Menton of a sharp argument between him and the Consul of Austria
regarding the proceedings of the assassination of Father Thomas. It appears
that the Consul of Austria is trying to secure the protection of some of the
guilty ones who are under his protection, and to intervene with justice, and to
disregard opinions he assumes to be stupid. Mr. Ratti-Menton will inform you
regarding this.
Also, I happen to
know, at this moment, that the General Consul in Alexandria, submitted to his
government a report containing very strong words, expressing his irritation
with Mr. Ratti-Menton. And in all probability the Government of Austria will
send its objection of the matter.
Please, Minister
Sir, you may delay your response until the King's Consul presents all
clarification and information which will enable you to make your decision. I am
very sure before hand that these clarifications will win your satisfaction.
Source: Preserved Documents of the Foreign Ministry, The Consul General in Alexandria, Department of Commerce and Global
Affairs. Vol.
XXVIII, p. 511.
Le
ministre Thiers à Cochelet.
Objet:
Assassinat du P.Thomas et mission d'enquête de Mr
Desmeloizes.
Vous avez été
informé par la correspondance du roi à Damas des circonstances relatives à la disparition d'un missionnaire catholique
placé sous sa protection et qu'on suppose avoir été assassiné...
... (insuffisance du rapport de Mr Ratti-Menton).
Cependant des
bruits généralement répandus en
D'où la
nécessité de l'envoi de Mr Desmeloizes, par la voie la plus prompte à
Damas, avec mission de vérifier l'ensemble des faits, tant à l'égard de Mr
Ratti-Menton
qu'à celui des autorités locales et de me transmettre le résultat de cette
enquête par votre intermédiaire...
Source:
Archives Affaires Etrangères
Consulat
général d'Alexandrie- Direction commerciale et du
contentieux, vol.28, fol.438 (nr.63).
From: Minister Thiers.
To: Cochelet.
Subject: The Assassination of Father Thomas and the
Investigation Committee, Mr. Desmeloizes presiding.
The Representative
of the King's Consul in Damascus had informed you about the circumstances surrounding
the disappearance of a Catholic Missionary among those who were under his
protection, and it is assumed that he was assassinated.
(Deficiency in Mr.
Ratti-Menton's Report)
A General uproar
has been heard in Europe during this period, trying to pin all kinds of
accusation, and in an inappropriate manner, against Mr. Ratti-Menton, which
makes it urgent for me to explain the situation as soon as possible in order to
clarify the surrounding obscurity regarding this evil incident.
Due to this urgent
necessity, I have sent Mr. Desmeloizes, to arrive in Damascus with due haste,
to assume the task of investigating the happenings, with whatever is available
to Mr. Ratti-Menton, or by cooperation with the local authorities, pending the
results of this investigation which he will deliver to me through your office.
Source: Ibid. pp. 438.
Le ministre à Cochelet.
Objet:
Assassinat du P.Thomas et mission d'enquête de Mr
Desmeloizes.
...
(Raison de cette mission: insuffisance des rapports du consul).
La
prudence de cet élève-consul me persuade d' ailleurs
qu'il saura apprécier la nature délicate de cette mission confidentielle et
concilier l'obligation qu'elle lui impose d'épuiser tous les moyens
d'information pour éclairer les faits avec les ménagements que réclame la
position du consul du roi...
Source:
même archives- Alexandrie, vol.28, fo1.454 (nr.64).
Paris
May 9th, 1840
From: The Minister.
To: Cochelet.
Subject: The Assassination of Father Thomas and the
Investigation Committee Mr. Desmeloizes presiding.
The reason for the
formation of this Committee is due to insufficient information in the Consul's
reports.
The reservoir of
intelligence and caution possessed by the Assistant Consul convinced me that
the nature of this delicate and secret mission demands the utmost concern, and
commitment for whatever is needed in this investigation including utilizing of
all available means in order to obtain the information which will shed light on
the events of the incident, and to take the appropriate measures needed, in
accordance with the status and opinions of the King's Consul.
Source: Ibid. p. 454.
Représentants des israélites de Damas à
l'ambassadeur de France.
Objet:
Pétition en favour des juifs de Damas, au sujet de l'assassinat du Père Thomas.
Monsieur
l'Ambassadeur,
Les
soussignés, agissant au nom de la Communauté israélite de Damas, ont l'honneur
d'exposer à votre Excellence, que d'après l'absence du P.Thomas, capucin
protégé français et son domestiqe, dans la dite ville, sur des soupçons élevés
seulement d'avoir vu le dit capucin dans le quartier des israélites et de ne
pas l'avoir vu sortir, Mr le comte de Ratti-Menton consul de France à la
résidence de Damas, a fait arrêter et conduire dans les prisons du gouvernement
local plusieurs israélites, qu'on a horriblement tourmentés, lequel, au milieu
de ses souffrances dans l'espoir de s'en libérer, a déposé que les 7 négociants
israélites de première classe l'ont fait appeler pour égorger le dit capucin,
que, d'après son dire ont été arrêtés les dits respectables 7 individus dont la
probité est connue encore en France par les premières maisons de commerce avec
lesquelles ils sont en relation d'affaires depuis de longues années. Et sur cette calomnie on les a horriblement tourmentés, que
deux de ces négociants ont succombé, ainsi que 4 des principaux arrêtés. Les
restants, préférant la mort aux
horribles tourments se sont déclarés coupables. Mais, aussitôt qu'on leur
accorda un moment pour respirer, ils juraient ne rien
savoir et protestaient de leur innocence.
Et
comme, d'après la loi, les accusés ne peuvent être interrogés qu'après avoir
entendu les dépositions de témoins à charge et à décharge et jamais mis à la
torture, les pétitionnaires se croient en raison de recourir à l'équité de
Votre Excellence, sachant qu'elle propose (sic) des sentiments philanthropiques
pour requérir ainsi qu'ils requièrent que lui plaise inter-venir auprès de Mr
le consul à Damas pour le sommer d'agir avec humanité et suivent le,
institutions de procédure criminelle adoptées par les nations cis ilisées.
Ils ont l'honneur
d'être...
Signature:
Abrahan Asquenaze- Isaac Becar Moshé- Hanna Becar Isaac.
From: The Representatives of the Jews in Damascus.
To: The Ambassador of France.
Subject: Petitions presented by the Jews of
Damascus regarding the assassination of Father Thomas.
Mr. Ambassador,
The undersigned, on
behalf of the Jewish community in Damascus, are honored to present to your
Excellency, these facts regarding the disappearance of Father Thomas Al-Capuci,
a French subject, protected in his person and residence in the city of Damascus
by France, causing a wave of suspicions toward the Jews, solely because someone
saw Father Thomas entering the Jewish Quarters and did not see him leave
immediately following this, Comte Ratti-Menton, the French Consul who resides
in Damascus, arrested a number of Jews, detaining them in the local prisons of
the Government. Some of them were subjected to torture.
Among those
arrested was a barber, who was frightened by the torture. In hopes of winning
his freedom, and to save himself the pain of torture, he accused seven notable
Jews from the community. He said that they called him to slay the priest.
Relying solely on his testimony, the seven most respected members of the Jewish
community, who enjoy high reputations in France, and are well known by the high
commercial houses, who have worked with them for many years, were arrested.
They were subjected to frightful torture, because of these false accusations.
Two of them broke down and four others followed. The rest preferred death to
this frightful torture and have confessed that they were guilty. But the minute
they found the opportunity to reflect on the matter, they have sworn that they
knew nothing regarding the crime and hold fast to their innocence.
The law demands
that the accused should not be interrogated until they are informed about the
testimonies of the witnesses, those to their advantage as well as those against
them, and they must not be subjected to torture.
The parties presenting
this petition on their behalf are within their rights in presenting themselves
to your Excellency's sense of justice. We know that they are proposing a humane
request for intervention with Mr. Consul of Damascus, urging him to work in the
spirit of humanity, and to follow the directives included by the criminal
justice codes, which have been adopted by civilized nations.
We have the honor to sign:
Ibrahan Asquenazo, Isaac Becar Moshe'-Hanna Becar
Isaac.
Le
comte de Pontois au consul de Ratti-Menton.
Monsieur le
consul,
Je
crois devoir vous transmettre copie d'une requête qui vient de m'être adressée
au nom de la communauté israélite de Damas, concernant les poursuites
judiciaires auxquelles a donné lieu la disparition du Père Thomas.
Je suis
persuadé d'avance que votre conduite, en cette circonstance, loin de mériter
les inculpations dont elle est l'objet de la part des réclamants, a été de tout
point, conforme à l'esprit d'équité et de philanthropie qui doit caractériser
les actes de tout agent français. Mais comme je n'ai reçu de vous jusqu'à
présent aucune information sur les détails de cette affaire et
la part que vous y avez prise. Et comme, d'un autre côté, il me paraît
malheureusement certain qu'on a, en effet, employé, pour venir à la découverte
de la vérité, des moyens odieux que l'humanité repousse, et que la législation
turque a elle-même abolis, je vous serai obligé de me mettre, aussi promptement
que possible, en mesure de répondre à la requête qui m'est adressée et de
repousser formellement, dans l'intérêt du gouverne-ment du roi, les allégations
qu'elle contient.
Recevez...
Source:
Archives Affaires Etrangères
Ambassade,
Turquie, Direction politique. vol.280, fol.224-225 et
226, (nr.38).
From: Comte
de Pontois.
To: Consul Ratti-Menton.
Mr. Consul:
I see it as my duty
to transmit to you a copy of the petition presented to me in the name of the Jewish
community of Damascus. It is a petition related to the judicial follow up in
the case of the disappearance of Father Thomas.
I am convinced
beforehand that your behavior in this case, is far from the accusations
contained in this petition, and that you have behaved in a manner befitting to
the spirit of justice, love, and humanity, which characterizes the behavior of
every French citizen. However, since I have not received from you any detailed
information in this case and the proceedings you have followed I suspect people
in the government used torture and bad procedures to get at the truth. These
ugly methods are unacceptable to humanity in order to obtain the truth. Even
Turkish Laws forbid the use of these methods. I find myself compelled to ask you
to provide me, as soon as possible, with the proceedings which will allow me to
reply to the contents of the petition which was presented to me, and to reply
in a decisive manner. This is in the interest of the King's Government to expel
the claims of the petition.
Source: Archives, French Foreign Ministry, The Embassy, Turkey,
Directory of Politics. Vol. 280 pp. 224-226 (No. 38).
Alexandrie, le 30 avril
1840
Cochelet au Président du Conseil,
ministre des Affaires Etrangères.
Objet: L'assassinat du Père Thomas.
Résumé de l'introduction: rappel du rapport du 4 avril-
Réception du rapport du consul de Damas
contenant les procès- verbaux des interrogatoires relatifs au P.Thomas, dans
l'attente de ceux de son domestique...
«On a déjà cherché cependant à jeter des doutes tant sur
le crime que sur les causes. On a voulu même incriminer les actes et le
caractère de Mr Ratti-Menton.
Ce fonctionnaire honorable, justement blessé du reproche
que l'on a fait à son humanité et du soupçon qu'on a osé élever sur sa
délicatesse, m'a écrit la lettre en date du 24 avril, nr.II, accompagnée de
deux pièces, avec prière d'adresser copie à Paris.
Vous penserez sans doute qu'il n'y a pas lieu à autoriser
l'enquête sol-licitée par Mr Ratti et vous reconnaîtrez
par la lecture de toutes les lettres et pièces l'injustice de l'accusation
portée contre lui.
Je regrette toutefois que des amis imprudents des juifs
ou des avocats maladroits, gagnés déjà sans doute par leurs largesses,
cherchent à altérer ou à dénaturer les faits, car ils mettent ceux qui les
connaissent parfaite-ment dans la necéssité de les publier, en les appuyant de
toutes les preuves qui peuvent faire jaillir la vérité et convaincre les
consciences les plus timorées.
La vérité, une fois connue et répandue, peut réveiller
toutes les haines contre les juifs et donner lieu à de grands excès. Ce qu'il y
aurait eu de plus prudent et de plus sage de la part des juifs eût été de
laisser considérer le meurtre de Damas comme l'action d'un rabbin fanatique qui
avait excité quelques-uns de ses coreligionnaires. Mais, en voulant nier le
crime et l'usage du sang, on s'est exposé à une controverse qui va donner lieu
à des graves ressentiments. On a déjà fait circuler en Syrie et ici une copie
de quelques paragraphes du Talmud contre les chrétiens.
Quant à moi, j'ai évité, autant que possible, de me
prononcer dans une affaire dont la poursuite appartient exclusivement à Mr
le consul du roi à Damas qui est entièrement indépendant
dans l'excercie de ses fonctions judiciares.
Je me suis borné, jusqu'à présent, à lui envoyer le 10
mars l'ordre de Mehémet Ali qui ordonnait à Chérif Pacha, gouverneur général de
Syrie, d'activ°* les démarches relatives à la découverte de l'assassinat. En
l'envoyant à Mr Ratti-Menton, j'ai ajouté:
«Vous veillerez seulement à ce que la poursuite et les
arrestations qui auront lieu pour arriver à connaire la vérité soient faites
avec les ménagements qui sont dans notre législation et que l'on doit observer
envers de simples accusés. Il faut que la vérité se découvre sans que l'on soit
obligé d'employer des mesures qui répugnent à nos moeurs et qui ne sont pas de
notre époque».
J'ai écrit aussi particulièrement à Mr
Ratti-Menton de laisser au seul consul d'Autriche la
responsabilité de ses actes, s'il ne punit pas ceux de nos nationaux que la
procédure signale comme coupables, en ajoutant qu'ils seraient justiciables de
l'opinion publique qui les flétrirait, si leur gouvernement ne sévissait pas.
Mais, en traçant à Mr le consul du roi à Damas une ligne de conduite sage et prudente, je pense
que Votre Excellence qui a sous les yeux les pièces du dossier et qui doit
encore en recevoir d'autres, repoussera les allégations de ceux qui exploitent
les affaires de Damas dans le sens de leurs intérêts et de leurs passions et
qui cherchent à représenter la conduite du consul du roi comme illégale et
arbitraire et même vénale, lorsque l'opinion publique rend heureusement à son
caractère ferme, humain et intègre une entière justice.
Je suis...
Annexe: le rapport du consul
Ratti-Menton. Voir page suivante.
From: Cochelet.
To: The President of the Council, Minister of
Foreign Affairs.
Subject: The Assassination of Father Thomas.
A Brief
Introduction:
Referring to the report of April and the report which we received from the
Consul in Damascus, which contained the minutes of interrogation regarding the
case of Father Thomas, we are awaiting the latest developments.
At this time they are
trying to cast doubts, regarding the question of the crime, and the subject of
its cause. They also want to accuse Mr. Ratti-Menton, as to his actions and his
character.
This honest public
official has been wounded by the accusations which question his humanity, and
the doubts which they have dared to cast against his fine behavior. He sent me
a message on April 24th, accompanied by two documents, and he requested of me
to send him a copy of it to Paris.
You must certainly
be thinking that there is no room to allow criticism against the investigation
conducted by Mr. Ratti. You will understand after rereading all messages and
reports the depth of these unjust and false accusations which have been
directed against him.
At the same time, I
feel sorry for the way the friends of the Jews have behaved and the behavior of
their lawyer who has been lacking in a proper and upright manner, in order to
receive the spoils given him. They have attempted to forge and change the
nature of the events, subjecting those who knew them well to a character
assassination campaign. They have relied upon any proof capable of hiding the
truth in order to convince, to the contrary, those who have a clean and pure
conscience.
The mere disclosure
of these facts may ignite prejudices against the Jews and, prepare the way for
wide reactions against them. However, the Jews have sufficient caution, and
cleverness to avoid a slip up in this murder case in Damascus. This case is the
scheme of a fanatic Rabbi who managed to stir up a number of his religion
brothers. In their attempt to deny the crime, and their denial of the use of
blood, they have become subject to contradictions which have provided an
opportunity for serious consequences. Presently there are some people in Syria
and in Egypt who are distributing verses from the Talmud which are
anti-Christian.
For me personally,
I tried in every way possible to avoid becoming involved or intervening in a
case that was considered to be within the sphere of the jurisdiction, of the
King's Consul in Damascus. He is completely independent in the practice of his
legal activities.
I limited myself
until March 10th, from involving him until Mohamad Ali's order to the Governor
General of Syria, Sharif Pasha was received, an order which requested
him to work hard in order to discover the murderer. I also attached to this
order, which I sent to Mr. Ratti-Menton, the following message,
"Make sure
that the proceedings of this case, and the arrests that take place as a result
arrive only at obtaining the truth in accordance with our laws, and
jurisprudence, protecting the less important (secondary status) of the accused.
The discovery of the truth is a must, however, without the use of methods which
are not in agreement with our traditions and which are inappropriate to our
age."
I also wrote in a
personal manner to Mr. Ratti-Menton to hold the Austrian Consul responsible for
his acts if those persons proved to be guilty are not punished, then public
opinion had the right to abhor and to disapprove of this act.
With wise and
careful behavior by the King's Consul in Damascus, I am of the opinion that
your Excellency may work to dispel the false accusations of those who are
trying to exploit the situation in Damascus for their own interest through
their use of emotionalism and the falsification of the behavior and actions of
the King's Consul, instead of accusing him of being unjust and heavy handed.
Without regard to legitimacy, or even bribery, justice can prevail completely
when a sense of satisfaction has been restored and the public believes that
these people have been dealt with in an honest and humane manner.
Annexe
au rapport du consul Cochelet du 30 avril 1840
Rapport du consul à
Damas
Ratti-Menton. le 24 avril 1840
Objet:
le consul autrichien el ses tentatives de défendre les
responsables juifs.
Monsieur
le Consul général,
Nia
lettre nr.l0 venait d'être expédiée, lorsqu'il m'est tombé entre les mains un document dont je ne veux pas tarder à vous donner
communication. Ce document se trouve ci-joint. C'est la traduction d'une lettre
écrite en dernier lieu par Mr Laurin (Consul général
d'Autriche à Alexandrie) à Mr Merlato (consul d'Autriche à Damas). J'ignore si
avant sa démarche auprès du vice-roi et surtout avant
son invitation à Mr d'Appony (ambassadeur d'Autriche à
Mr
le consul général d'Autriche se plaint sans doute, d'après le référé de Mir
Merlato
de mes actes arbitraires a l'égard de
Mr
Picciotto et de
Mr Ayrout. Ce dernier est qualifié de négociant
autrichien. Et d'abord, Mr Ayrout est un arabe. Il était écrivain d'Ihrahin Pacha. Le généralissime le
chassa de son service pour cause d'inconduite. En second lieu, Mr Ayrout, comme je l'ai écrit au consul d'Autriche
n'est point propriétaire de la maison où j'ai été faire une perquisition.
Cette maison appartient au beau-père de Mr Ayrout, le Saydha (Saydah), Raya,
lequel l'habite avec toute sa famille. Il y logeait son gendre, en passant. Depuis cette visite, Mr
Ayrout a quitté la chambre qu'il occupait et s'en est
allé habiter autre part. Peut-on d'après cela qualifier raisonnablement
d'arbitraire mon entrée dans une maison de Raya avec
le consentement exprès de l'autorité locale qui me faisait assister par ses
agents de police'?
Pour
ce qui concerne Mr Picciotto, il m'est impossible de
ne pas être un peu plus long. Et encore, hien des
incidents doivent être passés pour ne pas être interminables.
Dans
le principe de cette affaire du Père Thomas, cet individu se trouvait un soir
chez Mr Beaudin, où il y avait, outre les chrétiens du pays, Mr le consul
d'Angleterre, le l'èrre Eustet, lazariste, et Mr Santi, sujet français et
pharmacien de l'hôpital de Damas. La question était tombée sur la nouvelle du
jour. Mr Santi apostropha avec une telle violence le Mr Picciotto et menaça
avec une si véhémente énergie de se porter à des excès contre les juifs
vis-à-vis desquels il prétendait que j'usais de faiblesse que je le fis
conduire immédiatement dans la prison du consulat d'où il ne sortit que le lendemain, par considération pour sa
famille dont il est l'unique soutien et d'après la promesse formelle qu'il me
fit de s'abstenir désormais de toute activité illégale.
Le
10 février, un français, délégué par moi, devait
continuer avec le consentement du consul d'Autriche et l'assisstance de son
'chancelier, qui est juif ionien, quelques visites domiciliaires dans des
maisons de protégés autrichiens ou toscans. Mr Picciotti
vient me trouver pour me demander d'exempter sa maison
de toute perquisition, parce que, disait il, cela ferait un mauvais effet dans
le public et sa maison ne fut pas visitée.
Pendant
que le barbier juif Soliman restait chez moi où j'espérais l'amener à des
révélations, en lui promettant son pardon, Mr Pissiotti
se présenta encore au consulat avec le chancelier de Mr
Merlato et j'étais si peu disposé à agir arbitrairement
vis-à-vis de lui que par un excès de con-fiance aveugle et contrairement aux
usages judiciaires, sur sa demande expresse faite devant plusieurs témoins, je
consentis à ce qu'il eut un entre-tien particulier avec le barbier. Le même
jour, j'ai su qu'il avait profité de cet entretien
pour engager le barbier à persister dans ses dénégations. Et
pourtant je ne l'ai pas fait citer comme suborneur de témoins.
J'ai eu tort, je l'avoue, de lui avoir appliqué
le qualificatif d'assassin avant une décision judiciaire sur cette question.
Mais, la rétractation que je fais ici, je l'ai faite à
Mr
Merlato dans ma lettre. Cette expression était le résultat
d'un mouvement de véracité que Mr Picciotto avait
provoqué par son apostrophe hors de saison, ses
menaces du consulat et du gouverne-ment autrichien et l'étalage pompeux de sa
généalogie. A propos de généalogie, je vous demanderais le
consul général, de faire ici une digression à la lettre de Mr Laurin.
J'apprends,
de source certaine, que Mr Eliaou Picciotto,
oncle du président et consul général d'Autriche à Alep, s'est plaint au
généralissime (Ibrahim Pacha) de ce que, sans égard pour son nom et sa qualité
consulaire on avait agi si légèrement envers son neveu. Mr
Eliaou Picciotto qui veut aujourd'hui que les vertus sortent
de leur caractère d'individualité pour s'étendre à la famille, consentirait-il
pareillement à ce que les crimes perdissent leur
caractère de personnalité? Que peut signifier cette prétention de faire rentrer
dans la balance de la justice le poids d'un nom quel-conque? Mr
Eliaou Picciotto a-t-il fait valoir un
pareil argument devant te tribunal toscan qui a condamné aux galères de
Livourne, pour cause d'assassinat d'un capitaine, un autre de ses neveux,
cousin de celui que l'on poursuit ici? Et le frère de
celui-ci n'a-t-il pas été obligé de quitter Alexandrie pour cause d'escroquerie
et n'a-t-il pas abandonné lestement
Je passe d'abord à l'accusation des actes
arbitraires contre les juifs en général, accusation qui, d'après les termes de
cette lettre, doit être l'objet d'une négociation spéciale d'ambassadeur à
souverain. Il faut me connaître
bien peu (et Mr Laurin me connaît assez) pour
me lancer une pareille accusation. Qu'entend-il
par actes arbitraires? Sont-ce de visites
domiciliaires dans des maisons dénoncées comme suspectes? Tous les jours
et dans tous les p'ays du monde de pareilles visites
ont lieu. Et, ayant lieu par l'entremise de l'autorité
constituée, elles n'ont jamais été qualifiées d'arbitraires. Sont-ce
les arrestations préventives sur dénonciation de témoins? Mais tous les
jours aussi, dans les affaires criminelles comme dans les questions de complot,
nos procureurs du roi en
Ah,
si ce mot a été employé dans l'intention de faire
comprendre par son usage vague et indéterminé que j'ai exercé ou fait exercer
des actes de violence quelconque. Alors, je ne ménage pas l'expression à
quelque adresse qu'elle doive aller et je donne un
démenti formel à l'accusateur.
Si
j'avais été le partisan de la violence, je ne serai pas intervenu d'une manière
énergique auprès des populations musulmanes et
chrétiennes. Et peut-être aujourd'hui il n'existerait
pas un juif à Damas. Mille témoins pourront attester ce
que j'avance. Ils pourront dire que pendant plusieurs jours et plusieurs nuits
les cawas du consulat ont dû rester avec la patrouille dans le quartier juif
pour empêcher les chétiens et les turcs de se porter à des actes de violence
contre des hommes du peuple que je n'ai jamais con-fondu dans l'accusation avec
les véritables coupables. Et les enfants arrêtés par
ordre de Schérif Pacha, dans l'espoir que les parents feraient quelques
révélations, n'ont-ils pas été rendus à leurs familles sur ma demande?
Le
Sieur Schehadé Stambouli, frère d'un des assassins contumaces, n'est-ce pas moi
qui lui ait fait donner la liberté dont il n'a profité que pour se livrer à de
nouvelles intrigues auprès de Mr Péretz, juif allemand
converti. N'ai-je pas depuis trois semaines adressé inutilement plusieurs
demandes, tant verbales qu'écrites, au gouverneur général pour l'engager à
relâcher le Sieur Moussa Farhi, père d'un autre accusé contumace et dans l'arrestation duquel je ne suis entré pour rien?
Je
dirai plus. J'ai cherché, en cas où la chose serait possible, à faire ouvrir la
porte de la prison au Malien Raphaêl qui a été l'un des premiers a entrever
dans le principe la marche de l'affaire et dont le fils, sans aucun mauvais
traitement quelconque, s'est déclaré un des complices dans l'assassinat du
domestique. Mr Beaudin, ayant été
allé le voir dans la prison et ne le trouvant pas
convenablement logé, n'a-t-il pas demandé, après m'avoir consulté, qu'on lui
donnât une meilleure chambre? Sont-ce tous ces actes qui
constituent des actes arbitraires? Oh, alors oui, je me déclare coupable
et que Mr Laurin prononce.
Encore
un mot sur cet objet.
Le
29 février, la culpabilité des prévenus, étant constatée par la découverte des
restes du P.Thomas et des circonstances en dépendant, Schérif Pacha me fit dire
par Mr Beuadin que les accusés étant condamnés.
Mais que si j'y consentais, il croyait que ce serait
bien de surseoir à leur exécution jusqu'à l'arrivée des ordres du
généralissime. Ma réponse ne fut pas douteuse. Et si j'avais été tellement altéré du sang de mes
semblables, ces hommes n'existeraient pas aujourd'hui.
Il reste à traiter la
question relative à la jalousie qu'inspirent les richesses des juifs. Est-ce
moi qui en suis jaloux? Mr
Laurin ne le dit pas formellement.
Mais, comme dans l'ensemble de sa lettre mon nom seul
se trouve énoncé, je dois m'appliquer l'accusation.
Si
Mr
Laurin avait été loyalement informé, il
aurait su que les juifs de Damas eussent payé de tout l'or qu'ils possédaient
une transaction sur l'assasinat du Père Thomas. Ils
savent que depuis longtemps ils mettent sur leur responsabilité la disparition
d'une foule d'individus appartenant à d'autres croyances. Vous
comprenez, dès lors, Mr le consul
général, qu'il s'agit pour eux d'une affaire capitale. La procédure,
aujourd'hui pendante, tombant par l'intervention du consul de France, toutes
les inculpations précédentes rentreront
naturellement dans le néant. La condamnation de quelques individus leur
importait
Je
rougis jusqu'au blanc des yeux d'être condamné à
entrer dans des détails terre à terre. Mais, je ne puis m'empêcher de dire, et
des hommes honorables peuvent en témoigner, que pour les sommes assez rondes
qui ont été offertes à des personnes qui ne figurent qu'en second plan dans la
poursuite de cette affaire, j'aurais pu profiter de cette circonstance pour satisfaire
largement ma prétendue jalousie. En effet, Mr le
consul général, outre deux schales de chachemire et deux fleurs en diamants
offertes à Mr Beaudin, on a proposé
à cet employé 150 mille Piastres, s'il parvenait à détruire mes convictions sur
le fait de l'assassinat. Vous comprenez la réponse qui a dû être faite par cet employé. Mr Chubli,
qui m'a offert son assistance gratuite pour toutes les écritures que j'aurais à
faire en langue arabe pendant que Mr Beaudin
était occupé aux recherches avec moi, Mr Chubli
a reçu d'un nommé Eliahou Nahmed, joallier juif, en présence du Dr Salina,
protégé anglais, la proposition de 1000 (mille) bourses,
s'il voulait s'employer en faveur de la question juive. Ces propositions ont
été entamées deux fois et deux fois elles ont été
repoussées.
Je
le répète, si le consulat du roi avait voulu faire de cette question une
question d'argent, et moi et tout ce qui m'entoure,
nous pouvions puiser largement dans ces trésors tant vantés des juifs.
Mais
non. Et ici j'en appelle au
peu de conscience qui peut rester aux accusateurs. Une pareille pensée n'est
venue à personne, et c'était pour prévenir les tentations de corruption que,
dès le principe, j'ai eu l'honneur de vous prier de demain à son Altesse le
vice-roi des ordres pour que les employés subalternes du gouvernement fussent
surveillés sévèrement. Dès le principe aussi, lorsque
les juifs notables, et parmi eux étaient la plupart de ceux qui figurent dans
le procès, lorsque, dis-je, les juifs virent chez moi en députation, je leur
dis de m'assister. Je les prévins, en outre, qu'ils évitassent par un zèle inconsidéré de faire de cette question une question
de sectes. Le barbier venait seulement d'être arrêté.
Je leur dis de bien faire attention que l'argent ne prévaudrait pas contre mon énergie et contre ma volonté bien formelle de pousser la
procédure jusqu'à son dernier terme. Ils ne m'ont pas
voulu croire.
Et ce qu'ils n'ont pas
pu faire ici par l'argent, il est probable qu'ils l'ont essayé ailleurs.
J'ai
dû entrer dans tous ces détails, Mr le
consul général, parce que je tenais à faire ressortir l'énormité de
l'accusation que Mr Laurin prétend faire peser
sur moi. Cette accusation porte sur deux points bien
explicites:
1- Actes arbitraires contre des sujets
autrichiens dont un soi-disant tel.
2- Actes arbitraires contre les juifs de
Damas.
La
troisième accusation,
En
attendant le résultat des nouvelles contenues dans la lettre de Mr
Laurin et que Mr Merlato
fait répandre dans le quartier juif avec une affectatin que je m'abstiens de
qualifier, et que non seulment les juifs étrangers s'attaquent aux chrétiens,
mais que les juifs rayas, enhardis par des promesses d'un puissant soutien,
maltraitent les algériens à cause de leur qualité de français. C'est ce que vous vous convaincrez par la lecture de la plainte,
ci-jointe, qui m'a été portée hier par un des sujets du Roi.
J'ai
l'honneur...
P.S.:
Votre dépêche nr.6 m'arrive à l'instant. J'envoie âu ministre tout ce que j'ai pu terminer de ce volumineux procès-verbal. J'ai
l'honneur de vous envoyer ci-joint la suite de première partie que j'ai expédié
par la poste hier, comme je n'ai pas eu le temps de faire copier le présent
rapport. Si vous croyez, Mr le consul général, qu'il soit nécessaire que le ministre en
ait connaissance, je vous serai vivement obligé, si vous voulez avoir la bonté
de lui en faire remettre copie.
Annexe:
Copie de la traduction d'une lettre écrite en arabe de Damas à Beyrouth par une
personne appartenant au consulat d'Autriche.
«Hier
par la poste du gouvernement venant d'Alexandrie, Mr
Merlato a reçu une lettre de Mr Laurin qui
contient ce qui suit:
«J'ai
reçu votre lettre avec la copie du journal et j'ai
pris connaissance des actes arbitraires qui ont eu lieu à l'égard de Isaac
Picciotto, ainsi que de l'entrée du consul de France avec des soldats dans la
maison de Joseph Ayrouth, négociant autrichien. Je me suis
transporté de suite chez le vice-roi. Je lui ai donné avis de tout ce qui était
arrivé et j'ai compris de tout ce qu'a dit Son Altesse qu'elle croit que tout
ce qui est arrivé aux juifs de Damas est un résultat de la jalousie qu'on porte
à leurs richesses et ce que j'ai cru pouvoir en déduire c'est que le vice-roi
veut lui-même voir cette affaire à Alexandrie et allait envoyer un ordre à
Schérif Pacha de cesser les tortures contre les juifs. J'ai écrit à
l'ambassadeur d'Autriche à
Lorsque
cette lettre est arrivée ici, Mr
Merlato a envoyé ces bonnes ouvelles dans la contrée des
juifs. Mais, au sérail, rien de semblable n'est ncore
parvenu. On dit que le gouvernement n'a pas reçu de
lettre, mais les ouvelles des entours du consulat de France sont que le
vice-roi a donné ordre de tenir ferme dans l'affaire des juifs. Et les gens de bon sens parmi es juifs n'ont pas espoir de
démentir ce qui a été prouvé contre eux et contre la traduction de leurs livres
faite par eux au Pacha et qui prouve que le sang de tous ceux qui travaillent
le samedi leur appartient.
annexe: traduction du Talmud
adopté en Syrie. Passages concernant les chrétiens.
Chapitre I.
Dans les églises des
chrétiens. Il ne se dit et ne se fait que ce qui est contraire
à la vérité. Du reste, elle ne diffère pas de
L'Evangile des chrétiens n'est qu'une doctrine
de péché déclarée ouvertement. Le devoir d'un juif est de le briller quoiqu'il s'y trouve le nom de Dieu.
Chapitre I, paragraphe IV.
Le
devoir des juifs est de maudire les chrétiens trois
fois par jour et de demander à Dieu de les anéantir tous, spécialement leurs
rois et leurs gouvernements. C'est un précepte dont l'observance
concerne particulièrement les chefs de la doctrine. Ils
doivent aussi exciter à la haine conrte les chrétiens.
Dieu
a ordonné au peuple juif de s'emparer de l'argent des chrétiens par tous les
moyenss possibles, soit par trafic, soit par finesse, soit par fourberie, soit
même par vol.
Chapitre
II, paragraphe IV.
les pays où les chrétiens
commandent sont moins agréables à Dieu que les autres pays.
Si
un israélite sert un chef des idolâtres, il pèche. Mais s'il
sert un chef des chrétiens, il commet un péché énorme.
Chapitre
IV, paragraphe II.
Le juif doit
être persuadé que le chrétien est un animal sauvage et
il doit le traiter en conséquence. Quant aux idolâtres, le juif ne doit leur
faire ni bien ni mal. Mais il
doit employer tous efforts pour détruire les chrétiens.
Si un israélite voit un chrétien sur le bord d'un précipice, il
doit le pousser dedans jusqu'à ce que le chrétien soit au fond de 1'abime.
Les passages de
ce Talmud concernant l'Islam sont encore plus hostiles
que ceux-ci ne le sont au christianisme. Le gouvernement n'a
pas voulu en laisser publier la traduction, pour ne pas augmenter l'exapération
des musulmans.
Source
des pages 5-10:
-
rapport de Cochelet du 30 avril 1840 annexe de ce rapport, celui du consul de
Damas, Ratti-Menton du 24 avril 1840 et ses annexes.
-
Archives Affaires Etrangères, Alexandrie, vol.28, direction commerciale, n.184,
fol.439-440.
-
Correspondance du consul de Damas, nr.11, IDEM, vol.28, fol.444-448.
Annex: Report of Consul Ratti-Menton.
Annex: Consul Cochelet's Report.
The Report of Ratti-Menton, Consul in Damascus.
Mr. Consul General:
I was about to send
you my message, number 10, when a document fell into to my hands, and I want to
send it to you without delay. You may find this attached document, a
translation of a message written by Mr. Laurin (The Austrian Consul General in
Alexandria), which was sent to Mr. Merlato (the Austrian Consul in Damascus). I
do not know if he had discussed the subject of this problem with you before he
went to meet with the King's Viceroy, or specifically before he was recalled by
the Austrian Ambassador to Paris, Mr. Appony. He did not discuss the problem
with me. I conclude from this that Mr. Laurin behaved on this occasion as we
expected, and was exactly in agreement with our conversations in Sicily.
The Austrian Consul
complained, and he was certainly annoyed by the information he received from
Mr. Merlato regarding my authoritarian action: against Mr. Isaac Picciotto and
Mr. Ayrout. The latter was responsible for studies and negotiations on behalf
of the Austrians. Mr. Picciotto, is an Arab, who had worked as a clerk in the
service of Ibrahim Pasha, until the Chief Commander, dismissed him for his bad
behavior. There are two sides to the story. Mr. Picciotto never was the
occupant of the house where I conducted my investigations. I
stated this in my report to the Austrian Consul. The house belongs to the
Farhi's Family. Picciotto, came to the house as a visitor and occupied an room
as a guest. Then he, Mr. Picciotto, left.
Would my actions be
considered as authoritarian or dictatorial simply because I entered a house
owed by the Farhi's Family, while possessing signed permission to do so, by the
local authority in order to search the house. I was accompanied by the police.
It was impossible
for me not to offend Mr. Picciotto. There were many incidents which I ignored
in the past in regard to Mr. Picciotto's behavior. And since we are dealing with
the case of Father Thomas, and on principles only, it is worthwhile to mention
the following incident.
On one evening, at
Mr. Beaudin's, Mr. Picciotto met with some Syrian native Christians, in
addition to the Consul of England, Father Eustet of the Lazarist Order, and a
French Pharmacist, named Mr. Santi, working at the Hospital of Damascus. In the
meeting problems of the day were being discussed and Mr. Santi appeared harsh
in his speech with Mr. Picciotto. He spoke in a loud and prejudiced emotional
manner. He threatened to take actions against the Jews. At the scene, in which
I am being accused of being weak, I led Mr. Santi out and put him in the
Consulate's jail. After one day I released him solely on humanitarian
considerations due to the fact, that he was the sole provider for his family.
But, I did not set him free until he promised not to take illegal or lawless
action.
On February 10th, I
assigned a French employee to follow the investigations, with the approval of
the Austrian Consul, and with the help of his advisor who was a Greek Jew. It
was decided to search some homes which were under the care and protection of
Austria and Toskana. At that time, Mr. Picciotto came to me and requested that
his house not be included in the search. His reason for his request, he claimed
was that such a search would be harmful, in the eyes of the people, thus no one
visited his house.
In this I made a
mistake and I admit it. I did not apply to him the same procedures used against
the assassins before talking the Judicial report in this case. The review of
the chronology events, as I have written them here, and as I stated them in my
message to Mr. Merlato too, came as a true expression in response to what Mr.
Picciotto has stirred up by his fanaticism without reason; and as a result to
his threats in the name of the Consulate, also in the name of the Austrian
Government, and his bragging about his ancestors being surrounded by a halo of
pomp and greatness. Given this origin I request that the Consul General take
note of it in Mr. Lurain's Message.
I learned from
trusted sources that the uncle of the Austrian Consul General, in Alepa, Mr.
Eliaou Picciotto, has objected to the Chief Commander, Ibrahim Pasha, and he
has behaved thoughtlessly on behalf of his nephew's case, and that this is not
in agreement with his Consular status, nor the consideration surrounding his
name. Does Mr. Eliaou Picciotto want to take the individual virtue of his name and stamp it as a family virtue? Does he want the crime
to lose its individual criminality? What does it mean to claim to insert
anyone's name and to put it on the scale of justice? Does Mr. Eliaou Piccioto
have a similar excuse to throw in front of the Tuscana's Tribunal, which has
passed its judgment in the case of the ships of Livourne, because of the
captain's murder, when the killers were his nephew and his uncle, who were at
his heels here? And, did not his brother find himself forced to run away from
Alexandria because of his theft and cheating scandal? Was not he forced to
escape recently to Constantinople, because of his pursuit in committing acts of
theft? Is it because all of these acts are legal and legitimate acts, that Mr.
Eliaou Picciotto wants the family to be respected, and to recognize its
virtuous character; or is it to their shame and their decaying bones? I
concluded from this last analysis that the evils of the latter one (Mr. Eliaou
Picciotto) represent shame. Now I shall return to Mr. Laurain's message.
First of all, I
shall begin with the description of the measures taken against the Jews in
general, as unjust and harsh measures. According to the contents of the message
as described, it should be subject for special discussion. His Excellency, the
Ambassador does not know me very well, while Mr. Laurzin knows me well. This
accusation has been made against me. May I ask what are these so called unjust
actions and procedures for which I am accused? Are they due to the search of
the suspect's homes. Such searches are everyday occurrences worldwide. They take
place through the legal process and by legal authority and are not considered
to be harsh or unjust or were they the precautious arrests of the suspected
witnesses? Here too this normal procedure. In criminal cases or in the case of
plots, representatives of the King of France work with representative
everywhere in issuing arrest memos. When found not guilty freedom will be
restored to the innocent, and no direct results will follow. Are these harsh or
unjust measures?
The intentional use
of this word contains veiled and unlimited meanings in describing what I did.
As to the description of strong measures, I will not hesitate to use this word
with those who are directing their accusations towards me in a deceitful
manner. If I did not support the use of force, I would not have intervened
firmly with the Muslim and Christian residents, had I not taken such action,
most likely there would not be a Jew alive in
Is it not true that
I was the one who restored to Mr. Schade
Stambouli his freedom? He is a brother to one of the assassins. What were the
results of this? He benefited from the freedom given to him, and worked with a
renounced German Jew, by the name of Mr. Peretz, in planning new plots. Also, I
was the one who spent the last three weeks working in conducting verbal
discussions, and sending written messages to the Governor General in
I also add that I tried my best to open the prison
doors for Mallen Raphael, one of the first participants of the crime. His son
confessed, without pressure and without any bad treatment, his part in the
crime. Mr. Beaudin came to visit him in his prison, and found that the room of
his imprisonment was not suitable, and requested that he be transferred to a
better room. I complied with his request. Were all of these actions unjust and
harsh? If this were so, I would admit that I am guilty of injustice. One other word on this subject. The investigators declared
on February 29 that they informed the guilty ones they had completed the
unveiling of all aspects of the case of Father Thomas and the surrounding
circumstances. Sherif Pasha, told me through Mr. Beaudin that the verdict had
been announced against the guilty party, but that it was possible to delay the
execution until the arrival of the order from the Chief Commander, Ibrahim
Pasha, if I agreed to that. I agreed to the delay. If I were as unjust as I am
being accused of, none of the guilty would be alive today.
However, it remains necessary to deal with the
problem in the light of the claims they have circulated about the envy over the
riches and the wealth of the Jews. Do I envy them? Mr. Laurin did not say that
frankly. But the content of his message as a whole, points to an accusation of
this type, which I find imperative to respond to. If Mr. Laurin searched for
the true information, he would have learned that the Jews of Damascus revealed
that they were ready to pay all of the gold they possessed to settle the case
of Father Thomas. They knew that they were responsible, during many years in
the past for the disappearance of a number of individuals of other religions.
You can see from this, Consul, General, Sir, that this problem for them is
related to a central important problem. The intervention of the French Consul
in the investigation of today's case lifts the veil from previous crimes which
have already been forgotten. The conviction of some individuals is a matter of
no great importance. But the basic foundation is that in order to reach such a
conclusion, it is absolutely necessary to wade through some of the verses of
their sacred book, The Torah, which explains many of their religious practices;
and herein all the problems reside.
It is embarrassing to me that I have been forced to
enter into such details, in order to reply to the accusation directed at me.
But I cannot refrain from stating that there are honest men able to declare
their testimonies for me. If there were great sums of money paid to persons
holding secondary positions following up this case and if I were able to
benefit from this opportunity to satisfy their claim, that I envy their wealth,
I would have taken their bribes to the limit. In fact, Mr. Consul General, Sir,
Mr. Beaudin received gifts among which were two diamond flowers, with two
Kashmere shawls. He was offered the sum of one hundred and fifty thousand
piasters to destroy the documents and arguments in the murder case. You already
know what the reply of this employee was. Is it worth noting that Mr. Chubli
worked to assist me voluntary and without charge for writing all of the
memoranda in Arabic at the time when Mr. Beaudin was busy assisting me with
research and investigation. Eliahou Nahmed made an
offer to Mr. Chubli, in the presence of Dr. Salina who enjoys English protection, that would guarantee him a bag containing one
thousand pieces of gold to be used in the interest of the Jewish case. This
offer was repeated twice, and the offer was turned down on both occasions.
I repeat my saying that if the King's Consul had
wanted to use this case to obtain wealth, it was possible for him to do that,
he and those who work with him could have obtained a huge supply of the
magnificent treasures of the Jews.
But no! Here I speak to whatever conscience remains
for those who are directing their accusations at me, because the idea of
accepting bribery did not cross my mind. From the beginning I worked at taking
precautions against bribery attempts. It is my honor to a request of His
Excellency, the Viceroy, that he issue a disciplinary code for civil employees
here in
I find myself compelled, Mr. Consul General Sir, to
go through all these details because of the numerous accusations which Mr.
Laurin has placed on my shoulders. This accusation is centered on two clear
points, as stated:
1. Harsh and unjust measures against the
Austrian's position.
2. Harsh and unjust measures against the Jews of
Damascus.
And as to the third accusation which was
"envy", and subsequently "the desire to undress and deprive the
Jews," this is not clear yet, because the formulation of it is not
completed, and cannot be formed until research and investigations are
completed.
While I am waiting for this research and
investigation, I beg you, Mr. Consul General Sir, to show your generosity in
using all of your credit with His Excellency, the Foreign Minister, for the
department to conduct a minute research into the questionable aspects of my
action and behavior in the double assassination case in which Father Thomas and
his servant were the victims. As proof of my honorable record, my seventeen
years of service in the Ministry of the King's Government, is a testimony of my
honesty and integrity. My record will speak for itself and false accusations
cannot refute these records of my actions.
I am waiting for the information contained in Mr.
Laurin's message, which Mr. Merlato had announced and declared in Jewish
Quarters in an artificial manner. I refrain from describing it, although it
stated that it would not be the Jews alone who would attack the Christians, but
that the Jews are planning, and have obtained pledges of strong support, to
mistreat the Algerians because they are French subjects. You will be satisfied
when you see the attached complaint which was carried to me yesterday by an
employee of the King.
Faithfully
P.S. I
have received your newly dispatched message. I am sending all that I have been
able to complete from the huge investigation report to the Ministry. I am
honored to send the remainder of the first part, which I sent yesterday by
mail, due to the lack of time at my disposal to re-copy this part of the
report. Mr. Consul General Sir, if you think it necessary that the Minister
should see it, I beg you to send a copy of it.
Annex: A Translated copy of the message which was
written in Arabic, and was sent from
Yesterday, Mr. Merlato, received a message from Mr.
Laurin, sent from
I received your message with the newspaper, and
learned of the harsh and unjust measures against Isaac Picciotto, and the entry
of the French Consul with the soldiers from Mr. Joseph Ayrouth, the Austrian
negotiator. I transmitted this immediately to the Viceroy, and explained to him
all that has happened, as I understand it from what His Excellency said, which
was that he believed that the Jews of Damascus were victims of the envy of
others because of their wealth and riches. And I believe I am able to confirm
that the Viceroy personally will follow the case in
When this message arrived here, Mr. Merlato worked
to spread the good news in the Jewish Quarter. However, it appears that the
Head Quarter of the Governor General, did not receive
anything regarding this matter. It is said that the Government did not receive
any message. The information inside the French Consulate indicates that the
Viceroy issued his order to follow the case of the Jews with strength and
firmness. There is no hope among the Jews of good intentions to deny what was
confirmed against them in the investigations and against what is contained in
their religious books, which were translated for the Pasha, and which prove
that the blood of whoever works on Saturday is lawful blood for the Jews.
Annex: It contains two translations to two passages
from the Talmud among materials seized in
Chapter I.
The Christians and their
The Bible of the Christian is nothing more than the
doctrine of sin, declared clearly. The duty of the Jew is to burn the Bible
anywhere it is found.
Chapter I, Paragraph IV.
The duty of the Jews is to curse the Christians
three times everyday, and to pray to God to destroy them all, especially their
kings and their governments. This precept applies especially to their religious
leaders; it is necessary to stir hatred against the Christians.
God gave the Jews the right to take possession of
the Christian wealth by all possible ways and means, whether by trade, or by
kindness and gentleness, or by cheating and deception, even by theft.
Chapter II, Paragraph IV.
God loves the countries which are not governed by
the Christians more than countries under the rule of the Christians. The Jew
will commit a sin if he serves any person from the worshipers of idols, but he
commits an even greater crime if he works in the service of a Christian master.
Chapter IV, Paragraph II.
A Jew must be convinced that the Christian is a
savage animal, and he must treat him as such. The Jews must not do good or evil
with an idolater, but must use all efforts to destroy the Christians.
If a Jew saw a Christian on the edge of a very deep
abyss (pit), he must push him, until the Christian reaches the bottom of the
abyss (pit).
The Talmud passages regarding Islam are similar.
Islam is more hostile to the Jews than Christianity. But the Government
refrained from publishing the translation in order not to increase the stirring
of the Muslims.
Sources pp. 5-10
Cochelet's Report,
Ratti-Menton's Report,
- Archives, Foreign Ministry,
- Correspondence of Counsul of
Alexandrie, le 15 mai
1840
Cochelet au ministre Thiers.
Objet:
enquête au sujet de l'assassinat du Père Thomas et
correspondance entre les consuls généraux à Alexandrie à ce sujet.
Résumé
de l'introduction: réception des instructions du 28 avril.
«Quelques
jours auparavant, le consul général d'Autriche avait cru devoir adresser aux consuls généraux des grandes Puissances la lettre et note,
ci-jointes, qui incriminent implicitement la conduite du consul du roi à Damas.
Je n'ai pas cru devoir les laisser sans réponse...
Il m'a paru qu'il
n'appartenait pas à l'agent d'une puissance étrangère de se constituer le
défenseur des meurtriers d'un religieux sous la protection française et que
c'était au consul du Roi soit à l'autorité supérieure du pays à demander la
révision de la procédure si elle devait avoir lieu. Car seul un
but d'humanité peut justifier de telles démarches...
I1
y a dans cette affaire de Damas diverses circonstances sur lesquelles on n'aime
pas à dire le fond de sa pensée quand on n'a pas vu
les choses de prés et quand on n'a pas en mains toutes les pièces du procès.
C'est pour-quoi, je ne rejeterai pas les bruits qui circulent...
Desmeloizes
partira le 20 de ce mois sur le bateau-poste anglais
qui se rend d'ici à Beyrouth...
Annexe:
Lettre de Cochelet à son collègue autrichien Laurin, le 7 mai.
Je
viens de recevoir la circulaire que vous avez cru devoir adresser aux consuls généraux des grandes Puissances à Alexandrie, ainsi
que le projet de note que vous leur proposez de mettre sous les yeux du
vice-roi.
Je regrette, quant à moi, de ne pouvoir donner
suite à l'ouverture que vous me faites. Et je vais vous en donner les motifs que vous apprécierez sans
doute, torque vous serez mieux informé des circonstances de l'affaire dont il
s'agit.
Le
Père Thomas, religieux de la mission française des capucins en Syrie desservant
l'hospice français à Damas et son domestique, protégé français, ayant
subitement dispru, Mr le comte de
Ratti-Menton, consul de France à Damas, a dû en prévenir l'autorité locale qui
a fait des recherches et a découvert des traces de leur assassinat.
Les auteurs présumés, étant des Rayas israélites
de Damas, ont été arrêtés. Leur procès a été instruit par l'autorité locale. Une condamnation s'en est suivie, à l'exécution de laquelle le consul de france a
cru devoir demander un sursis, afin de continuer les recherches relatives au
meurtre du domestique.
Il s'agit donc d'une
affaire, entre le consulat de France à Damas, partie plaignante, et l'autorité
locale appelée à juger et à punir les rayas. Les consuls généraux d'Autriche,
d'Angleterre, de Prusse et de Russie, ne pourraient
intervenir en ceux-ci que dans un but d'humanité, afin d'empêcher l'emploi de
moyens rigoureux qui malheureusement n'ont pas encore été retranchés de la
législation musulmane. Or, Monsieur, je n'ai pas attendu l'intimation de
personne pour prendre l'initiative à cet égard. Et, aussitôt que j'ai été informé du crime, j'ai écrit à Mr
Ratti-Menton:
«Vous
veillerez à ce que les poursuites et les arrestations qui auront lieu pour
arriver à connaître la vérité soient faites avec les ménagements qui sont dans
notre législation. Nous devons veiller à ce que la
vérité se découvre sans que l'on soit obligé d'employer des mesures qui
répugnent à nos moteurs et qui ne sont plus de notre époque».
C'était
la seule initiative que je pouvais prendre dans une affaire judiciaire et que j'ai prise aussitôt que le crime m'a été dénoncé.
Si
la législation du pays permet aux condamnés d'appeler de la sentence prononcée
contre eux ou si le consul de France à Damas provoque la révision de la
procédure dans le cas où il aurait eu des motifs de soupçonner les juges de
partialité, nous n'avons, ni vous ni nos collègues le droit de nous y opposer.
Quant
à faire revoir cette procédure et à accorder aux
condamnés le droit de choisir des défenseurs, son Altesse le vice-roi est libre
de faire à cet égard ce que prescrit la législation musulmane. Et il n'a pas besoin du con-cours de MM les consuls généraux
des grandes Puissances. Car ce n'est pas d'une affaire
politique dont il s'agit, mais d'un assassinat dont la poursuite et le jugement
appartiennent à l'autorité locale.
Quant
à moi, Monsieur, après avoir fait tout ce qu'un sentiment d'humanité me
prescrivait, je cherche à conserver la plus grande impartialité dans ce qui se
rattache à un épouvantable assassinat dont la procédure, déjà passée sous mes
yeux, a été transmise aujourd'hui au Département des affaires Etrangères qui
appréciera toutes les circonstances du crime.
Je
ne crois pas d'ailleurs pouvoir me constituer le défenseur de quelques rayas
meurtriers d'un religieux franciscain sous la protection de la
Je
déplore plus que personne la publicité qui a été donnée à l'affaire de
Damas et les révélations auxquelles elle a donné lieu.
Ce n'est pas à l'époque où nous vivons que l'on rendra responsables, des
interprétations criminelles que des rabbins, ignorants et fanatiques, vivant au
milieu de peuples exaltés pour leurs religions respectives, ont pu faire des
Ecritures, une nation qui jouit depuis longtemps de l'émancipation la plus
large et qui est admise en France et en Angleterre à 1'excercie de droits
civils et politiques.
II
ne dépend plus malheureusement de personne d'empêcher la controverse qui
s'établira sur les causes qui ont donné lieu à l'assassinat. Il
est à désirer maintenant que la vérité se fasse jour, d'après ce qui sera sans
doute publié sur la procédure régulière.
J'ai
l'honneur de vous renvoyer la circulaire adressée à nos collègues et la note qui y est jointe, en vous priant de mettre sous
leurs yeux la réponse que j'ai cru devoir vous faire.
Recevez, Monsieur...
Annexe
deux: Note des consuls généraux: projet de lettre
proposé par le consul général d'Autriche, Mr Laurin.
C'est
avec la plus grande satifaction que les consuls généraux d'Autriche, de France,
de la Grande Bretagne, de Prusse et de Russi, viennent d'apprendre qu'en
conformité des ordres que, mû par des sentiments d'humanité et de justice, Son
Altesse le vice-roi d'Egypte avait daigné transmettre à Damas, on y a suspendu
immédiatement la procédure pénible et la torture employée d'abord pour tirer
des aveux aux juifs accusés de l'assassinat du Père Thomas et de son
domestique.
Animée sans
doute des vues éclairées qui, depuis des siècles, ont fair abolir en Europe la
poursuite dés juifs accusés de sacrifices humains, Sor Altesse le vice-roi a
daigné exprimer itérativement aux soussignés sa sollicitude de soumettre cette
affaire à une investigation scrupuleuse et impartiale, en ajoutant qu'elle
accueillerait avec plaisir toute proposition offerte dans l'intérêt de
l'humanité et tendant à ce but.
Fondés sur ces
propositions bienveillantes, les soussignés ont l'hon. neur de soumettre au
jugement éclairé de Son Altesse l'opinion que rien ne saurait peut-être mieux
assurer la découverte de la vérité et garantir en même temps les accusés de
toute injusice que si Son Altesse voulait per-mettre à ces derniers, ainsi que
cela se pratique en Europe, de choisir eux-mêmes ou de faire désigner par leurs
coreligionnaires un ou plusieurs avocats chargés d'assister aux interrogations,
de prendre leur défense et autorisés à requérir tous les éclaircissements qui
leur paraissent nécessaires à une nouvelle instruction régulière et complète du
procès.
On proviendrait
probablement de cette manière à mettre au jour bien des faits et des
circonstances restés dans l'obscurité jusqu'à présent, et propres à porter la
conviction dans l'esprit des juges impartiaux et intègres que Son Altesse
daignera charger de prononcer sur cette affaire.
Les soussignés...
A.Laurin
pour copie conforme.
Cochelet
Annexe trois:
Note du consul
général d'Autriche, A.Laurin, ad circulandum.
MM et chers collègues,
Son Altesse le vice-roi,
m'ayant réitéré, il y a quelques jours, l'offre déjà faite à Mr
le comt de
Médem, qu'elle recevrait avec plaisir des propositions de la part des consuls
généraux des grandes Puissances, par rapport à la marche à suivre dans le
procès des juifs de Damas accusés de l'assassinat du Père Thomas et de son
domestique, j'ai ébauché le projet d'une note collective à mettre au vice-roi
et que j'ai l'honneur de vous soumettre ci-joint.
Je serais
charmé, si vous vouliez vous associer à une pareille démarche et d'apprendre sans réserve le jugement que vous en portez,
ainsi que les modifications que vous pourriez trouver convenables d'y apposer
en marge.
Veuillez bien,
après cela passer ces pièces à MM. vos collègues marqués ci-contre.
Agréez...
La note fut
souscrite par 8 consuls. 8 autres consuls ont refusé
la signature. Ceux qui y ont souscrit sont: le consul général d'Autriche, celui
de Danemark, celui d'Espagne, celui des Etats-Unis d'Amérique, celui de Russie,
celui de Prusse et les deux consuls, général et local
de Grande-Bretagne. Ceux qui ont refusé la signature sont: le consul général de
France, celui des Pays-Bas, celui de Grèce, celui de
Source: Pour le
rapport de Cochelet et pour les trois annexes.
Archives
Affaires Etrangères.
Consulat
d'Alexandrie, direction commerciale, vol.nr.189, fol.466-473.
From: Cochelet.
To: Minister Thiers.
Subject: The Investigation on the subject of the Assassination of Father Thomas, and
correspondence with the Consul General in
Introduction resume: Receiving of instructions,
The General Consul of
It appears to me that it is not the
jurisdiction of an employee of a Great Foreign Government to appoint himself as
defender of the murderers of a clergyman protected by the French Government, and for this employee to request either from the
Consul of the French King or from the high authorities of the country to hold
new investigation in the case, even if there existed a necessity for that and
there remains the humanitarian goal.
The
Mr. Desmeloizes departed on the twentieth of this
month aboard the English postal boat to
Annex: Mr. Cochelet letter to his Austrian
colleague, Mr. Laurin; May 7th.
I received at this moment, the circular which I
wanted to send to all the Consul Generals of the
As for myself, I am sorry because I was not able to
share or exchange with you your declared openness; and I present to you the
proofs and causes which will surely be appreciated when better information
regarding the case becomes available to you.
Father Thomas is a clergyman from the French
Mission to the Capucins in
Therefore, it was imperative upon the French
Counsel in
Suspicion centered around
some Jews from
Therefore, the case is the concern of the French Consul
in
"Make sure that the investigations and
arrests, which would follow, for the purpose of finding the truth, are in full
agreement with our laws and legislation. We must be on guard to uncover the
truth without resort to measures that are against our traditions and do not fit
our age."
This initial act was the only measure I was able to
take in a judicial/legal sense. I took this measure immediately after I learned
about the crime.
If the law in the country allows for the sentenced
person to plead for mercy, and if it was possible for the French Consul in
Damascus to ask for reconsideration of these measures and the investigation,
relying on the doubt of the rulers and judges, it is beyond our ability, you
and I, as well as our consuls, to have any right to oppose such measures. When
these measures and investigations are reconsidered, and the sentenced persons
are given the right to choose their defenders, then His Excellency the Viceroy
will be free to act about this case in accordance with what is required by the
Islamic Law. Then, he does not need the help of their Excellencies, the Consuls
of the Great Countries. Because, this case is not a political case, it is a
criminal case within the jurisdiction of the local authorities.
As for myself, Sir, after I did all that my
humanitarian feelings dictated to me, I maintained the highest possible
measures of justice and neutrality in all matters connected with a horrible
murder case. I reviewed all of its stages and measures. And I forwarded to the
Foreign Ministry for his examination all aspects of the crime.
I do not believe that I could appoint
myself as a defender of some murderous Jews who slew a French clergyman,
protected by
Unfortunately, the case is not that of a person
working to stop religious arguments regarding the causes which were brought
into to the open by the murder crime. What is required now, is that the truth
must be exposed as clear as the sun, in accordance with what will certainly be
declared, and announced about the orderly investigations and inquiries.
I am honored to send to you the circular addressed
to our colleagues, and the attached note. It is my hope that you may show them
the response which I thought that you would, in turn, be yours.
Please notify of receiving, Sir.
Annex two: Note to the Consul Generals:
Project of a letter proposed by the Austrian Consul General, Mr. Laurin.
With the greatest feeling of satisfaction and
conviction the General consuls of Austria, France, Great Britain, Prussia, and
Russia, were notified that in accordance to the directives, which came as the
fruit of human compassion, and justice, the Viceroy of Egypt issued his orders
to Damascus, to immediately stop the harsh measures and torture used previously
to extract confessions from the Jews who were accused of the assassination of
Father Thomas and his servant.
Centuries have past since the days in which
In response to this kind of overture, the
undersigned persons have the honor to suggest the submission of the clear
order, issued by his Highness, an idea second to none, to guarantee the
discovery of the truth, which is to allow those accused, to choose for
themselves, or those chosen by their religious brethren, a lawyer, or a number
of lawyers, whose task it will be to assist the investigators in defending the
accused, obtain all necessary clarifications which might be needed to execute
the new directives in an orderly manner, and the completion of the
investigations. This is in line with what is practiced in
Signatures
A. Laurin
An exact copy. Cochelet
Annex Three: Austrian General Consul A. Laurin note
for circulation.
Dear My Collegues,
The Viceroy returned to me, some days earlier, the
request which was presented by Mr. Comte Medem, stating that His Highness
gladly received the suggestions of the Genera Consuls of to Great Countries
regarding what is to be done in the questioning of the Jews of Damascus, who
are accused of the assassination of Father Thomas and his servant. I formulated
the project of a collective note to be presented to the Viceroy. I have the
honor to place this project in your hands.
I will be pleased if you will participate with me,
in a joint move, and will accept your decision, and whatever amendments you
might consider to be suitable, without any reservations. Please place your signatures.
And I hope that you carry the project to your colleagues whose names are listed
in the project note.
Faithfully
The project was signed by eight consuls, and was
refused by eight others.
The General Consuls who signed it were: Austria
Denmark,
The Consuls who refused to sign: French General
Consul, General Consul of the Netherlands, General Consul of Greece, General
Consul of Napoli, General Consul of Tuscania, General Consul
of Sardinia, and the General and Local Consuls of Belgium.
Source: Archives, Ministry of Foreign Affairs.
Consulate of
Alexandrie, le 23 mai
1840
Cochelet au ministre Thiers.
Objet:
La note du consul autrichien Laurin et la réaction du
consul sarde.
Considérations sur son propre comportement.
Résumé
de l'introduction et principaux passages du rapport:
Desmeloizes
est parti la veille pour Damas pour l'enquête. De même,
la veille, le consul autrichien a fait circuler sa
note parmi le corps consulaire. Sur 16 consuls, 8 ont refusé
leur signature. La raison donnée était normale: L'affaire de
l'assassinat à Damas concerne uniquement le consul de France. Cependant le consul général de Sardaigne, Cerruti, a réagi
violemment contre cette note. Aussi, a-t-il envoyé à
Cochelet une note de protestation.
Il écrivait notamment
que le Père Thomas était né dans le royaume de Sardaigne, bien que par sa
fonction, il était un protégé français. Or il n'y a
pas un consul sarde à Damas. Cochelet ajoutait:
«La
note du consul d'Autriche singnée par quelques consuls a
été déjà remise au vice-roi. Mais celui-ci sait à quoi s'en
tenir sur les motifs de cette démarche. Il
distingue entre l'assassinat et ses motifs. D'ailleurs le ministre doit être
déjà en possession des actes du procès... Si on consentait à une révision sous
la présidence d'avocats européens, ils annuleront et
la procédure et ses motifs, en achetant les juges».
Cochelet défendait alors la procédure faite.
D'ailleurs les juifs de Damas ont avoué, même interrogés
séparément. La confirmation de l'assassinat est
déjà faite. Car:
«On
a retrouvé les os, la chair et la calotte du Père
Thomas... Il y a aussi les certificats des médecins et même
le langage du consul d'Autriche à Damas».
On a fait circuler des bruits injustes contre
Ratti-Menton. En tout état de cause, il faut attendre le rapport de l'enquête confiée à
Desmeloizes.
Annexe:
La lettre du consul de Sardaigne et la réponse de
Cochelet.
From: Cochelet.
To: Minister Thiers.
Subject: The Austrian Consul, Laurin, Note and the
reaction of the Consul of Sardiia to the Austrian Consul's behavior.
Resume of the note, with certain passages of it.
Mr. Desmeloizes departed,
neading towards
He pointed out in his note that Father Thomas was
born in Sardinia, in addition to the fact that he was a subject of France,
because of his profession. Also,
"I submitted the note of the Austrian Consul,
which was signed by some other consuls, to the Viceroy. But he knows the hidden
reasons behind the note, and he can distinguish between the assassination crime
and its causes.
The Minister now has the minutes of the
investigations and the trial procedures. If he gives permission to review these
minutes under the direction of European lawyers, they will work to abolish
these measures, their proof and the causes through the purchase of Judges and
tribunals."
So, Cochelet is defending the investigation
procedures of the case. The Jews of Damascus have confessed. Each one of them
was questioned individually, and the crime was confirmed by the facts with the
discovery of:
A - Bones, flesh, and the head dress of Father
Thomas,
B - The medical testimonies of the committee of
Physicians, and
C - The statements of the Austrian Consul in
Damascas.
An unjustified cry was directed against
Ratti-Menton. Anyhow, there was no alternative but to wait for the
investigation report to be reviewed personally by Desmeloizes.
Annex: The letter of the Consul of
Réponse
du ministre Thiers à Cochelet
Résumé de l'introduction:
Approbation pour le comportement de Cochelet qui ne s'est pas associé à
l'initiative de son collègue autrichien. Le ministre comprenait les difficultés
de la tâche du consul, notamment à cause des désordres de la situation
politique et et militaire en Syrie. Et
le ministre continuait par ces lignes:
«... dans cette
affaire de cette nature, le rôle imposé aux agents de S.M. le Roi, et dans
lequel je crains que Mr Ratti-Menton ne se soit pas assez complètement
renfermé, était de découvrir le fait à l'autorité locale, de provoquer la
recherche des coupables et de s'en rapporter du reste à la justice territoriale
seule compétente pour procéder et prouver.
Au point où on
en est aujourd'hui, c'est encore au gouvernement
égyptien de décider d'après sa prope conviction, s'il y a lieu de réviser le
procès. Mais, en renonçant à exercer aucune espèce d'influence sur la
détermination du vice-roi, dans cette circonstance, vous êtes fondé à exiger
que votre exemple soit suivi par les autres agents des
autres puissances, et qu'un libre cours soit laissé à la justice du pays. Le
vice-roi comprendra de lui-même qu'admettre le ministère d'avocats européens
dans un tribunal musulman, comme les signataires de la note remise à ce prince
semblent le demander, serait jeter dans l'esprit des juges inexpérimentés une perturbation
nuisible à
la manifestation de la vérité et à l'équité de la sentence.
Si donc
l'affaire doit subir une révision qui semble devenir nécessaire, vous vous
bornerez à faire sentir au vice-roi combien il importe qu'elle soit soumise à
des juges dont la position et le caractère garantissent l'impartialité, et que
des normes efficaces et libres de toute influence étrangère soient prises pour
assurer et constater l'exacte observation de la loi.
«Quant au mode
de procéder, les nobles sentiments de Mohammed Ali m'assurent que vous n'aurez
pas à renouveler les protestations que vous vous êtes empressé de faire dès
l'origine du procès contre l'emploi de traitements cruels qu'une coutume
barbare a fait infliger aux prévenus à Damas et qu'une population innocente
sera désormais préservée des persécutions dont cette déplorable affaire a été
le prétexte...».
Le 19 juin, le
ministre Thiers avait déjà écrit à Cochelet, approuvant sa
réponse faite à la note de son collègue autrichien Laurin.
Il l'informait aussi
d'avoir reçu les documents envoyés par la consul à Damas, Ratti-Menton. Mais
comme ces documents n'avaient pas dissipé complètement «l'obscurité dans son
esprit», le ministre attendait donc pour se fixer le rapport demandé à
l'enquêteur, Desmeloizes.
Le
6 août 1840, Cocbelet écrivait au ministre Thiers au sujet de l'affaire des
juifs de Damas et du rapport de Desmeloizes:
Monsieur le
ministre,
Je m'empresse
d'avoir l'honneur de vous transmettre le rapport qui vous est
adressé par Mr Desmeloizes sur l'ensemble de l'affaire des
Damas, que je reçois à l'instant par le poste du gouvernement.
Je suis trop pressé, dans ce moment par le départ du paquebot
pour ajouter de longues observations à ce rapport. Je n'ai pas d'ailleurs sous
les yeux les piècs qui vous ont été envoyées directement par Mr
Desmeloizes.
J'attends donc le retour de cet agent pour me former
une opinion plus précise de tous les faits.
En attendant,
je suis heureux de lire dans le rapport que
l'information qui vous a été adressée:
«est
insuffisante pour repousser implicitement et explicitement les imputations
d'après lesquelles le consulat de France à Damas a été dépeint comme l'auteur
des manoeuvres odieuses, que Mr Ratti-Menton s'est tenu à l'écart, qu'il s'est
abstenu de tout encouragement, qu'il a protesté deux fois par son départ
précipité de sa vive répugnance pour des violences que la loi musulmane n'a pas
encore abolies».
Vous
n'avez donc pas à rétracter, Mr le ministre, les généreuses paroles que vous
avez prononcées en faveur de Mr Ratti-Menton dans les deux Chambres. Et
je me félicite moi-même de ne m'être pas trompé sur son caractère et sa
conduite, lorsque je me suis, en quelque sorte, porté garant de l'un et de
l'autre.
On
lui reprochera toujours sans doute de n'avoir pas cherché à empêcher les
tortures.
Peut-être, aurait-il dû indique; à l'autorité locale, comme je le lui écrivais
le 10 mars, un moyen de procédure en rapport avec nos
formes et usages. Mais un consul de France,
poursuivant un crime commis sur un de ses protégés, pouvait-il faire changer
immédiatement la législation musulmane? C'était surtout aux consuls qui
s'étaient déclarés les protecteurs des juifs à faire des protestations
énergiques. Loin de là, la lettre du 21 janvier de Mr
Merlato,
consul d'Autriche, qui est annexé au rapport de Mr
Desmeloizes,
encourage le gouverneur général à faire arrêter les juifs protégés
autrichiens et toscans, lorsque, d'après la juridiction de l'Orient c'était à
lui à instruire le procès.
Espérons, Mr le ministre, que la malheureuse
affaire qui a eu un si grand retentissement, engagera tous les gouvernements à
s'entendre dans un but louable pour faire réformer une législation barbare».
Source:
Archives
Affaires Etrangères. Alexandrie, direction commerciale,
vol.28. Lettre de Cochelet è Thiers du 23 mai, nr.192,
fol.480-483.
Réponses
du ministre Thiers du 19 juin, nr.fol.492, et du 27
jas, r.71, fol.495-496.
Rapport de Cochelet au ministre Thiers, du 6
août, nr.202, fol.508-509.
Response of the Minister Thiers to Cochelet:
A Brief Introduction: Approval and appreciation of
the behaviour of Cochelet who did not share his Austrian colleague his initiative.
The Minister realized the duty difficulties which the consul undertook, because
of the disturbance of the political and military situation in
«In such a case of this nature, the duty of the men
of his Majesty the King — the duty which I am afraid that Mr. Ratti-Menton did
not comprehend sufficiently — is limited to reveal the facts of the case to the
local authorities, and hastening the search for the criminals, and afterwards
leaving the case to the regional justice which is capable of disposal and
verification». According to the present situation, the Egyptian Government is
the authority which takes decision to re-examine inquest and carry out trial
according to her satisfaction if she finds it necessary. But, on the light of
her abstention to exercise any sort of pressure on the Governor in taking his
decision, you lean upon your attitude to ask the rest of the officials of the
Super Powers to take similar attitudes. And leaving freedom to
tribunal in the country to do its duty. At the same time, the governor
realizes that the claim of the Ministry to send European lawyers to plead in
Islamic court, in accordance with the memorandum which was signed by some
consuls and delivered to the Prince, will leave a bad impression on the judges,
and that will be harmful to truth and to soundness of jurisdiction.
In this manner, if it is inevitable to re-examine
the case, which seems to be necessary, you have to notify the governor that it
will be an important matter to hand in the case to judge who have the justice,
in addition to the high efficiency and full freedom bound to eliminate any
external factors and that conduce to accurate implementation of law.
But in regard to the methods of interrogation and
investigation into the harsh procedures applied in the light of the tradition
followed in
The Minister Thiers wrote a letter to the Consul
Cochelet on the 19th of June and he agreed in it with the attitude of Cochelet
in regard to the memorandum of his Austrian colleague, Loran. He informed him
also that he received the documents which were sent by the Consul of Damascus –
Ratti-Menton - but, because these documents did not reveal exactly the
ambiguity in his idea about the subject - the Minister is waiting for obtaining
the report which he had asked Desmeloizes to introduce it. Cochelet wrote a
letter to the Minister Thiers on
Mr. Minister,...
I have the honour to deliver to you in haste the
report which is directed to you by Mr. Desmeloizes about the total case of the
Jews in
At this moment, I feel greatly distressed because
of the departure of the post boat, so that I cannot add detailed explanation on
this report. Now, there is nothing left but the folios of the report which Mr.
Desmeloizes has sent you directly. And I am waiting for the return of this
investigator in order to establish more accurate opinion on all facts and
incidents. Meanwhile, I am glad to quote some excerpts from the report which is
directed to you:
«Is the explicit or implicit disapproval shown
enough to exonerate the Consul of France from the Charges attached to him? He
was described as instigator of hateful and horrible manoeuvres, while Mr.
Ratti-Menton isolated and protected himself from all encouragement, and
introduced protest twice by going out in hurry to express strongly his disgust
of violent manners which Islamic laws work to abolish and invalidate».
So you have no need, Mr. Minister, to withdraw your
words which you have said generously on behalf of Mr. Ratti-Menton before the
Cabinet and Parliament. I seize the opportunity to congratulate myself that I
was not deceived by his qualities and behaviour, nor
disappointed when I spoke favourably of him in a way or another.
They will always work to reproach him because he
did not try to stop torture. He may have been bound to inform the competent
authorities. In fact, I wrote him a letter on March 10th to the effect that
investigation should go in a line similar to ours. Can the Consul of France,
who is following up the minutes of a crime committed against some one under his
protection, change the Islamic Legislation directly? Any how, that was the duty
of the Consuls who claimed responsibility for the protection of the Jews, and
who were required to introduce decisive protests. More than that, the letter of
the Consul of Austria, Mr. Merlato, on the 21st of January which is attached to
the letter of Desmeloizes, shows that Mr. Merlato has encouraged the General
Governor to arrest the Jews whom his country — Austria — and Toscania protects.
He is also the one who suggested to him that judicial proceedings should be on
the basis of legislation applied in the East.
We hope, Mr. Minister, that
this miserable case which caused great echoes, would be a motive to all
governments for mutual understanding in order to agree on reforms on the
barbarian legislations.
Source: Archives, Ministry of Foreign Affairs,
— A letter from Cochelet to Thiers on 23rd of May,
No. 192, folio 480-481, Annex, folio 482-483.
— Response of the Minister Thiers on 19th June,
folio 492, and letter on 27th of June, No. 71, folio 495-496.
— Report of Cochelet to the Minister Thiers on the
6th of August, No. 202, folio 508, 509.
L'ambassadeur Pontois ministre Thiers.
Objet:
L'affaire du Père Thomas de Damas et l'initiative de
la communauté israélite.
Monsieur
le ministre,
Le
retentissement qu'a eu en Europe l'affaire des juifs de Damas et la
connaissance que viennent de me donner les jounaux des démarches faites auprès
du gouvernement du roi, à l'effet de solliciter son intervention, m'engagent à
aller au-devant des explications que Votre Excellence pourra être dans le cas
de me demander à cet égard et à lui faire connaître, dès à présent, la part que
l'ambassade de Sa Majesté a prise dans le drame lugubre et mystérieux dont
l'attention publique est aujourd'hui si vivement préoccupée.
Cette
part a été
Mais,
ayant reçu de plusieurs juifs considérables de ce pays, agissant au nom de la
communauté israélite de Damas la requête ci-jointe en copie (voir page 4 de ce
dossier), je me suis empressé de la transmettre à Mr
le comte de Ratti-Menton, ainsi qu'une réclamation sur le
même sujet de Mr l'internonce ( ambassadeur d'Autriche à Constantinople) en accompagnant
ces deux pièces de la lette dont est également ci-jointe, je n'ai, comme de
raison, point encore reçu de réponse.
L'on
vient de m'apprendre que sur les instances du consul général d'Angleterre, le
Pacha d'Egypte a donné ordre que l'on cessât de faire usage de la torture et que l'affaire fût instruite de nouveu d'une manière
régulière et légale.
J'ai l'honneur...
Source:
Archives Affaires Etrangères.
Turquie
Ambassade de constantinople, direction politique. Volume 280, nr.38, fol.222-223.
Note:
La réclamation de l'internonce d'Autriche ne se trouve pas dans ce volume.
From: Ambassador Pontois.
To: Minister Thiers.
Subject: The Affairs of Father Thomas in
Mr. Minister Sir,
Due to the intensity of the news echo which
prevails in Europe, because of the case of the Damascus Jews, and the news
which I gathered from the press regarding the measures taken by the King's
Government. The impact of its intervention urged me to request, whatever
explanations available from you, so that I may be able to provide them here if
it is requested of me. And also your instruction as to the role that ought to
be adopted by His Majesty's Embassy regarding the obscure and strange stories
which have engaged the interest of public opinion and polarized its attention.
The Embassy role remains very limited because I have
not yet received any information from the French Consul in
I learned that the Pasha, the Governor of Egypt,
had issued his order, in response to the relentless requests of the General
Consul of
I
have the honor
Signature
Source: Archives of the Foreign Ministry, the
Turkish Embassy,
Le
ministre à Cochelet
Objet:
Les représentants des juifs d'Europe chez Mohammed Ali pour l'Affaire de
l'assassinat du Père Thomas.
....
....
«Il paraîtrait, d'après des avis transmis par la presse, que,
sur les ins-tances de MM. Crémieux et
Montefiore, Mohammed Ali a cru devoir ordonner la cessation de toute poursuite
contre les israélites des Damas accusés du meurtre du Père Thomas et de son
domestique.
Je
désire savoir, si cette détermination qui, indépendamment des con-sidérations
d'humanité, a pu être dictée à ce prince par le désir
de mettre un terme aux embarras de cette déplorabe affaire, a été prise à titre
de grâce ou après examen et révision du procès.
Je
vous prie donc de me faire connaître les termes et les
motifs de la décision du vice-roi...
From: The Minister.
To: Cochelet.
Subject: The visit of the representatives of the European Jews
to Mohamad Ali regarding the assassination of Father Thomas.
The information transmitted by the press indicates
that because of the unceasing pressure of the lawyers, Mr. Cremieux and Mr.
Montefiore, Mohamad Ali has issued his orders to halt all pursuits of the Jews,
who have been accused of the assassination of Father Thomas and his servant in
Please, in light of that, inform me of the reasons
and the circumstances which caused the Viceroy, Mohamad Ali, to issue his
order.
Le 2 décembre 1840
Réponse de Cochelet au ministre Guizot,
successeur de Thiers.
Monsieur
le Ministre,
....
........
Vous
trouvez également ci-annexée une copie de la traduction du firman de Mohammed
Ali, en date du 29 août dernier, relatif aux juifs de Damas qui m'est demandé
par la dépêche précitée (celle du 29 octobre).
La
détermination de Mohammed Mi avait été prise à titre de grâce, afin de mettre un terme aux embarras de cette déplorable affaire. Mais
comme ce vizir était très malade quand il s'est décidé
à l'accorder, on a trouvé moyen de faire changer les termes du firman. Il n'a eu d'ailleurs aucune révision du procès. Je ne serai
pas étonné qu'on cherchât à la provoquer auprès de la Porte, maintenant que
Damas est au pouvoir des Turcs.
D'après
le langage tenu dernièrement par le Sultan qui, sur la demande de Mr
Montefoire, a délivré à la nation israélite un firman, upour qu'elle ne soit plus exposée dans ses Etats
à être recherchée pour des crimes comme ceux de Damas», l'issue de procès ne
serait pas douteuse et un nouveau scandale aurait lieu.
Je
pense que dans l'intérêt de tous les juifs, il
conviendrait beaucoup mieux que l'on ne parlât plus de cette malheureuse
affaire. Le temps qui assoupit tout, l'assoupira également, tandis que si on la
réveille encore, le gouvernement du Roi se trouvera obligé pour justifier la
conduite de ses agents de publier des pièces officielles qui donneraient lieu à
de nouvelles polémiques qui ne seraient pas sans inconvénient.
Je suis
Reponse of Cochelet to Minister Guizot, the
successor of Minister Thiers.
Mr. Minister Dir.
Enclosed with the letter, please find a translated
copy of the executive order which was issued by Mohamad Ali, on the 28th, of
August, regarding the Jews of Damascus, which you have requested by your
telegraph message October 29th.
Mohamad Ali, decided to
issue this order for compassionate and humanitarian reasons because of the
unpleasant distress and hardships caused by this case. Mohamad Ali's grave
illness was instrumental and beneficial in changing the terms of his executive
order. No review was made as to the investigation procedures. It would not
surprise me, if the case is brought to the attention of the
I believe that it is in the interest of all Jews
not to mention the investigation of this miserable case. Time will reduce the
intense feelings of tension and hatred as a result of this case. The Government
of His Majesty the King, himself is obligated to justify the conduct and to
defend the positions of its officials, and to permit the press to publish the
official documents which would provide the opportunity for discussion. However,
that would not be suitable or appropriate.
Faithfully
Annexe:
Traduction du firman adressé à Schérif Pacha, gouverneur général de la Syrie,
en date du 2 Réjeb 1256 (29 août 1840), relativement aux juifs de Damas,
assassins du Père Thomas et de son domestique.
«MM
Montefiori et Crémieux se sont rendus auprès de moi, au nom de la communauté
israélite d'Europe, pour me demander de délivrer et tranquilliser ceux des
juifs qui sont aujourd'hui en prison ou en fuite à raison des poursuites
auxquelles avait donné lieu la disparition à Damas du Père Thomas et de son
domestique, au mois de zilhidjé 1255.
Après
avoir pris connaissance de ces demandes et prières
présentées au nom d'une société considérable, je n'ai pas cru pouvoir les
repousser et j'ai ordonné ce qui suit:
«Vous
délivrez ceux de la nation juive qui sont en prison et vous rassurerez ceux qui
ont pris la fuite en les invitant à revenir. Vous veillerez à ce qu'ils continuent d'exercer leur industrie et leur
commerce, sans qu'aucun d'eux soit maltraité par qui que ce soit dans
l'exercice de sa profession. Et,. en
protégeant comme auparavant leur repos et leur tranquillité, vous ne négligerez
rien pour faire renaître la sécurité parmi cette nation».
Source:
Archives Affaires Etrangères.
Alexandrie, direction commerciale, vol.28.
Pour
la lettre du ministre du 29 octobre, nr.79, fo1.532-533.
Pour
la réponse du consul, le 2 décembre, nr.220, fol.542-543.
Et pour l'annexe, fol.544.
Annex: The translation of the Executive Order which
was addressed to the Governor General of Syria, Sharif Pasha, on the 2nd of
Rajah 1256 H, (29th of August 1840), regarding the Jews of Damascus, who
assassinated Father Thomas and his servant.
"Mr. Montefiori and Mr. Cremieux met with me,
as representatives of the Jewish Community of Europe, to put an end to the
pursuit of Jews and to assure those who were detained in jail today, or who had
fled, because of their pursuit by the local authorities who were investigating
the disappearance of Father Thomas and his servant in Damascus, in the month of
Zul-Hijja 1255 H.
After reviewing the demands and the request in the
name of an important community, I do not believe that I can refuse them, therefore, I have ordered the following:
To set free the Jews who are detained in jail, to
pardon those who are fugitives and wanted, and to make sure of their return to
the practice of their commercial and industrial activities. And that none of
them will be subjected to any kind of mistreatment by anyone, regardless of who
it might be. You guarantee them protection, as it was in the past, for their
safety and security. Do not disregard any measure which may return peace to
this nation."
Source: Archives of the Foreign Ministry Alexandria
Directory of Commerce, Vol. 28, The letter of the Minister, Oct. 29, No. 79,
pp. 532-533; The Response of the Consul, Dec. 2, No. 220, pp. 542-543; and the
annex, p. 544.
Damas, le 12 décembre 1850
Ségur—Dupeyron
au ministre.
Objet:
Suppression de l'inscription sur le tombeau de Père Thomas dans l'église des
Pères Franciscains.
Vous m'avez
fait l'honneur de m'entretenir, avant mon départ de Paris, de la démarche faite
auprès de vous par lord Normanly, à l'effet d'obtenir la suppression de
l'inscription accusatrice pour les juifs qui figure sur le tombeau élevé au
Père Thomas dans l'église des Capucins à Damas.
J'avais
eu l'hommeur de vous faire observer que cette démarche du gouvernement anglais
ne pouvait avoir qu'un but, celui d'étendre l'influence que l'Angleterre exerce
déjà sur un grand nombre d'israélites de cette ville. Sans cela, en effet,
quel intérêt pouvait avoir la Grande-Bretagne, pays et
gouvernement chrétien, à la disparition d'une inscription de cette espèce
existant dans une ville qu'on visite peu et dans une église que les étrangers
ne visitent pas, tant elle est pauvre et ignorée. J'avais ajouté que, ce que l'Angleterre, si nous nous prêtions à ses désirs,
gagnerait en influence sur les juifs, nous le perdions en influence sur les
chrétiens.
Un fait tout récent vient
de prouver à quel point ce qui se rattache à l'épitaphe du Père Thomas
impressionne les populations chrétiennes et juives de Damas.
Mr Gustave de
Rothschild, fils de Mr dr Rothschild de Paris,
paicourt en ce moment la Syrie. Il avait pris son
passeport, afin d'éviter beaucoup d'obsession de la part de ses
coreligionnaires, sous le nom de Mr de Ferrières. Mais son incognito a été bientôt trahi. Arrivé à Damas, un
ou deux jours avant mon arrivée (nous logions sous le même toit et nous
mangions ensemble) les rabbins sont venus le voir, les juifs l'ont entouré, et
il m'a parlé ensuite de la démarche qu'on le priait de faire auprès de moi,
relativement à la tombe du Père Thomas.
Je n'ai pas eu
de peine à lui faire comprendre que rien ne pouvait plus nuire au succès d'une
pareille négociation, que l'empressement irréfléchi des juifs à saisir toutes
les occassions d'occuper publiquement, les plus marquants de leurs
coreligionnaires d'Europe, du désir qu'ils éprouvent de voir effacer de cette
tombe l'inscription qui les accuse de l'assassinat du pauvre missionnaire.
Mais
les juifs ne se sont pas bornés à des paroles. Ils
ont employé des séductions d'un autre ordre. Ils ont
donné chez l'un d'eux, un protégé français, une grande soirée à Mr de
Rothschild et ils m'ont adressé les plus pressantes instances pour que j'y
assistasse ainsi que ma famille.
J'ai vu
aussitôt quels effets une pareille concession de ma part pouvait, en pareille
circonstance, produire sur l'esprit des chrétiens et j'ai fait agréer mon refus
sans avoir pour cela blessé les juifs. J'ai lieu de croire que les chrétiens
m'ont su gré de cette conduite...
Du
côté chrétien, on a éprouvé, comme on éprouve toujours à la venue d'un juif
européen marquant, une certaine inquiétude. J'ai cru comprendre que
las capucins qui ont tous, depuis deux ans, quitté Damas, pour louer leur
couvent aux arméniens catholiques, allaient envoyer ici un
des leurs pour veiller sur la tombe du Père Thomas.
D'un autre
côté, Mr de Rothschild ayant voulu avoir quelque étoffe de la fabrique d'un
chrétien, protégé français, le chrétien a trouvé des subterfuges pour ne pas
vendre à un homme qui lui paraissait n'être venu à Damas que pour employer son
influence à obtenir ce que les juifs désirent tant.
Je suis entré dans ces détails, Mr le ministre, pour vous mieux
montrer, que cette question de l'épitaphe du Père Thomas n'est pas une affaire
très simple et que notre politique ici doit être de faire prendre patience aux
juifs tout en rassurant les chrétiens. Autrement, nous ferions les affaires des
Anglais...
P.S.: Voici la
traduction de l'épitaphe italienne du Père Thomas. Cette
inscription est répétée sur la
«Ici
reposent les os du missionnaire capucin, Père Thomas, assassiné par les juifs,
le 5 février 1840».
D'après ce que
j'apprends aujourd'hui même, je ne doute pas que la démarche faite auprès de
vous, Mr le ministre, par Lord Normanly ne soit le résultat d'engagements pris
à l'égard des juifs par le consul d'Angleterre à Damas, Mr Wood qui vient de
passer un congé de plus d'un mois en Angleterre.
Source:
Archives Affaires Etrangères
Consulat
de Damas-Correspondance politique, vol.2 (1848-1853), nr.1, fol.132-135.
From: Seger-Duperan.
To: The prevention of an inscription on the grave
stone of Father Thomas, in the Church of the Franciscan Fathers.
I was honored by your instructions before my
departure from
I have the honor to inform you that these types of
English Governments practice no other aim than to widen the influence and
authority of
Mr. Gustave Rothschild, the son of the well known
Mr. Rothschild in
I did not find any difficulties in making him
understand that there was no harm or injury which would occur by our discussion
of the matter as it was nothing compared to the thoughtless, impertinence which
the Jews display on all occasions in order to engage public opinion. This was
particularly obvious after what had been clearly displayed, by the oldest of
their religious brethren in
I present these details, Mr. Minister Sir, to
reveal to you clearly that the problem of the inscriptions on the monument over
the grave of Father Thomas is not an easy one. And that our policy here must be
guided by toleration and patience toward the Jews, and by dispelling the
anxiety of the Christians at the same time. And if we are not able to do that,
then we will be doing what the English are doing.
P.S.: Here is the writing on the epitaph of Father
Thomas' grave; translated from Italian. This inscription is repeated on a
marble slab in Arabic:
"Here lie the bones of Father Thomas, the
Capucin missionary who was assassinated by the Jews on
Today I learned what has confirmed for me that the
visit of Lord Normanly to you Mr. Minister Sir, was
the result of Jewish intervention with the English Consul in
Source: Archives of the French Foreign Ministry.
Consulate of
Correspondence of
the Consul:
1 - Letter from Moses Montefiore to Palmerston,
2 - Letter from Moses Montefiore to Prince Louis
Napoleon on the same subject. Ibid., pp. 95-96. Mr.
Montefiore attached to his letter the text of the inscription, in Italian and
Arabic, on the grave in the
3 - Letter from Palmerston to Lord Normanly, 8th of
March, 1850. Transmitting the Plea for Mercy letter presented by Montefiore, Ibid., p. 98.
As to the verbal
instructions of the French Minister to the French Consul in